Algérie, actualités – Le mercredi 16 avril, la Commission européenne a franchi une étape déterminante dans la gestion des flux migratoires en établissant une liste commune des « pays d’origine sûrs », dans le but d’unifier les critères appliqués aux demandes d’asile au sein des États membres de l’Union européenne.
Cette liste des « pays d’origine sûrs », dans laquelle l’Algérie ne figure pas, comporte sept pays : le Kosovo, le Bangladesh, la Colombie, l’Égypte, l’Inde, le Maroc et la Tunisie. Ces pays, selon l’exécutif européen, sont considérés comme respectant globalement les principes fondamentaux des droits de l’homme, de la démocratie et de l’état de droit, justifiant ainsi leur inclusion dans cette catégorie.
L’objectif de cette mesure est clair : accélérer le traitement des demandes d’asile provenant de ressortissants de ces pays et réduire le nombre de procédures longues et coûteuses, en présumant que ces migrants ne relèvent pas des critères d’une protection internationale. En d’autres termes, les ressortissants de ces pays verront leurs dossiers analysés plus rapidement, mais avec moins de chances d’obtenir l’asile, puisqu’ils sont censés ne pas fuir une situation à haut risque dans leur pays d’origine.
La France, tout comme d’autres États européens, possède déjà sa propre liste nationale de « pays sûrs ». Toutefois, cette hétérogénéité entre les pays membres crée des effets d’aubaine pour les migrants, qui choisissent parfois leur destination en fonction des politiques d’asile les plus favorables. En proposant une liste commune, la Commission cherche à harmoniser les politiques d’accueil et à éviter que certains États ne deviennent, involontairement, des points de concentration de demandes d’asile simplement parce que leur législation est plus souple.
L’Algérie pas dans la liste des « pays d’origine sûrs » : une aberration de l’UE
L’Algérie, contrairement au Maroc et à la Tunisie, ne figure pas sur cette nouvelle liste de l’UE. Ce choix, hautement symbolique, n’est pas explicitement justifié par la Commission européenne, mais il souligne une différence d’évaluation dans la perception du climat politique, social ou sécuritaire en Algérie. Alors que le Maroc et la Tunisie sont jugés « sûrs », l’Algérie n’a pas reçu cette qualification, ce qui implique que ses ressortissants continueront à bénéficier de l’examen complet de leur demande d’asile, sans être soumis aux procédures accélérées réservées aux pays dits « sûrs ».
La liste n’est pas définitive pour autant. Elle devra être approuvée par le Parlement européen et les États membres pour entrer en vigueur. Il est donc possible que des ajustements soient opérés, en fonction des négociations à venir. Ce dossier reste particulièrement sensible et politiquement chargé. En témoigne la position de l’Italie, qui a salué l’annonce de la Commission comme un « succès » du gouvernement italien, soulignant son rôle moteur dans les discussions.
L’Italie, confrontée à une pression migratoire constante sur ses côtes, milite de longue date pour une gestion plus ferme des arrivées en provenance d’Afrique du Nord et d’Asie. La France, de son côté, a adopté une attitude plus prudente, préférant attendre de voir comment la proposition sera débattue au sein des institutions européennes avant de se prononcer. L’enjeu, pour Paris comme pour d’autres capitales européennes, est d’éviter les tensions diplomatiques avec les pays concernés tout en répondant à la demande intérieure de maîtrise des flux migratoires.
Cette tentative d’unification n’est pas nouvelle. Une première liste commune avait déjà été proposée par la Commission européenne en 2015. Toutefois, ce projet avait été abandonné après d’intenses débats sur la possibilité d’inclure des pays comme la Turquie, en raison des critiques concernant l’état de ses libertés fondamentales, notamment en matière de justice indépendante, de respect des minorités ou de liberté de la presse. Le contexte politique actuel, marqué par une pression migratoire constante et par la montée des courants conservateurs dans plusieurs pays européens, explique probablement la relance de cette initiative avec une liste plus restreinte et politiquement plus acceptable pour la majorité des États membres.
L’inclusion du Maroc et de la Tunisie pourrait ainsi être perçue comme un signal de partenariat renforcé avec ces deux États du Maghreb, considérés comme des alliés dans la gestion des flux migratoires. À l’inverse, l’absence de l’Algérie soulève des interrogations sur la nature des relations actuelles entre Alger et Bruxelles, mais aussi sur les critères exacts qui ont motivé cette sélection. En attendant l’approbation finale, cette classification suscite d’ores et déjà des débats dans les cercles diplomatiques et politiques, tant au sein de l’Union qu’au-delà de ses frontières.
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