Dans un climat de tensions économiques croissantes, marqué par une escalade commerciale avec la Chine, Donald Trump vient de jeter un pavé dans la mare en annonçant une suspension surprise des nouveaux droits de douane dits « réciproques » pour une durée de 90 jours. Cette décision, diffusée mercredi à 13 h 18 (heure locale) sur Truth Social, a créé une onde de choc dans les milieux économiques internationaux, notamment en Algérie, qui figurait parmi les pays ciblés par la dernière vague tarifaire. Jusque-là, l’Algérie avait vu ses tarifs douaniers bondir de 19 % à 30 %, suite à une décision de Trump, une hausse brutale qui menaçait plusieurs secteurs stratégiques. Désormais, l’Algérie fait partie de la pause décidée par la Maison-Blanche, ramenant ses droits à un taux unifié de 10 % pendant trois mois.
Cette volte-face américaine a été justifiée par Donald Trump lui-même, qui a évoqué la nécessité d’« être flexible » face aux évolutions géopolitiques et commerciales. Contrairement à la Chine, lourdement sanctionnée par Trump avec un taux de 125 %, plusieurs pays dont l’Algérie ont été temporairement épargnés. Le président a expliqué que cette trêve tarifaire concernait les États qui n’avaient pris aucune mesure de rétorsion, et qui ont accepté d’ouvrir des canaux de négociation. Plus de 75 pays auraient ainsi contacté Washington ces derniers jours pour plaider leur cause et tenter d’éviter une rupture brutale dans leurs échanges avec les États-Unis.
Sur les marchés financiers, cette annonce de Trump, qui concerne quasiment tous les pays, dont l’Algérie, a immédiatement déclenché un vent d’euphorie. Wall Street, qui peinait à respirer sous le poids des incertitudes commerciales, a connu un rebond spectaculaire. Le Nasdaq a grimpé de 10 %, le S&P 500 de 7,6 %, et le Dow Jones de 6,6 % en milieu de journée. Même le Bitcoin a surfé sur la vague d’optimisme, dépassant à nouveau la barre des 80 000 dollars. Les cours du pétrole, eux aussi, ont repris des couleurs, suggérant que le spectre d’une récession mondiale s’éloignait – du moins temporairement.
Cette décision inattendue a également permis à plusieurs voix au sein de l’administration américaine de reprendre la main sur la communication chaotique des derniers jours. Le secrétaire au Trésor, Scott Bessent, a tenu à rationaliser ce changement de cap, affirmant qu’il s’inscrivait dans une stratégie plus globale visant à isoler la Chine. Il a notamment averti que les marchandises chinoises, désormais surtaxées aux États-Unis, pourraient chercher refuge sur les marchés européens. Une manière d’encourager les alliés occidentaux à resserrer les rangs autour de Washington, tout en accentuant la pression sur Pékin.
Le sort de l’Union européenne reste toutefois en suspens. Contrairement à l’Algérie, Bruxelles a réagi aux décisions américaines en annonçant ses propres contre-mesures. Résultat : ses exportations pourraient rester frappées par un tarif de 20 %, les excluant de la trêve tarifaire de 90 jours. Ce choix de l’UE de ne pas se soumettre sans réagir pourrait donc lui coûter cher, du moins à court terme.
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Du côté algérien, ce sursis offre une bouffée d’oxygène inattendue. Les industries nationales, qui redoutaient un ralentissement brutal de leurs exportations vers les États-Unis, bénéficient désormais d’un répit. Les entreprises exportatrices pourront continuer à commercer à un coût plus raisonnable, ce qui pourrait préserver certains emplois et investissements en cours. Ce répit pourrait également encourager Alger à adopter une posture diplomatique plus active, en consolidant ses liens économiques avec Washington, tout en évitant les tensions commerciales.
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Mais cette suspension n’est ni définitive, ni garantie de stabilité. L’économie américaine, toujours sur le fil du rasoir, reste vulnérable aux revirements politiques. Le président Trump n’a donné aucune indication sur ce qu’il adviendrait au terme des 90 jours. Les pays concernés, Algérie incluse, devront donc manœuvrer habilement dans cet intervalle, entre négociation prudente et préparation à un éventuel retour de la tempête.
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Le contexte global reste tendu, avec une Chine mise au ban et une Europe en suspens. La Maison-Blanche cherche à remodeler les équilibres commerciaux mondiaux, et chaque mouvement du président américain devient un acte aux conséquences immédiates. L’annonce de cette suspension douanière, bien que temporaire, pourrait marquer un tournant stratégique. Reste à savoir si, dans 90 jours, la diplomatie l’emportera sur l’escalade.