L’Algérie marque un tournant décisif dans son ambition de structurer l’économie informelle en propulsant le statut d’auto-entrepreneur au cœur de sa stratégie nationale. Depuis le lancement officiel de la carte d’auto-entrepreneur en janvier 2024, plus de 30 000 personnes à travers l’Algérie ont déjà franchi le pas, selon les chiffres dévoilés ce samedi 10 mai par le ministre de l’Économie de la connaissance, des Start-up et des Micro-entreprises, Noureddine Ouadah. Lors de son intervention au Palais de la Culture Moufdi Zakaria, à l’ouverture de la première édition du Salon national de l’auto-entrepreneur, le ministre a souligné l’intégration rapide de milliers de jeunes dans le tissu économique officiel, fruit direct de l’acquisition de cette nouvelle carte.
Le ministre a déclaré que « plus de 30 000 jeunes hommes et femmes ont été intégrés dans l’économie formelle en un court laps de temps », mettant en avant la rapidité avec laquelle l’écosystème s’est mobilisé. En Algérie, le statut d’auto-entrepreneur a ainsi trouvé un écho immédiat auprès des populations ciblées, particulièrement chez les jeunes qui cherchent à donner une existence légale à leurs activités économiques. La multiplication des inscriptions est d’autant plus significative qu’elle reflète un changement profond dans la perception des démarches administratives, ainsi qu’une adoption accélérée des outils numériques par les nouveaux acteurs économiques.
Le lancement de la plateforme électronique dédiée à l’inscription des auto-entrepreneurs, en janvier 2024, a été un catalyseur. Accessible à l’échelle nationale, cette interface permet aux travailleurs indépendants de formaliser leurs projets, de bénéficier d’une reconnaissance officielle, et d’accéder à une série d’avantages spécifiques. Pour de nombreux Algériens, devenir auto-entrepreneur représente non seulement un cadre juridique stable, mais aussi un pont vers d’autres opportunités, telles que l’accès au financement, à la sécurité sociale, et à des programmes d’accompagnement.
L’engouement autour de cette carte démontre que l’Algérie parvient à répondre efficacement à une demande sociale longtemps ignorée : celle de la reconnaissance des initiatives individuelles souvent menées en marge du système. Dans les discours officiels, comme dans les faits, l’Algérie prend désormais des mesures concrètes pour donner un statut clair aux activités indépendantes. Le fait que le statut d’auto-entrepreneur soit désormais un pilier stratégique de la politique économique confirme cette volonté d’agir.
Le Salon national de l’auto-entrepreneur, inauguré le 10 mai, illustre cette dynamique. Organisé par l’Agence nationale de l’auto-entrepreneur, l’événement se tient sur deux jours et réunit des centaines de participants venus découvrir les dispositifs de soutien, les outils numériques à leur disposition, et les témoignages de ceux ayant déjà franchi le cap. Pour les autorités, cette initiative vise à renforcer la visibilité du dispositif, encourager de nouvelles adhésions et accélérer la transformation du paysage entrepreneurial en Algérie.
En mettant en avant l’auto-entrepreneur comme figure clé du développement local, l’Algérie veut également activer un levier de croissance inclusif. Le chiffre de 30 000 cartes délivrées en quelques mois ne traduit pas seulement un succès administratif ; il marque le début d’une mutation où chaque Algérien, potentiellement, peut devenir un acteur officiel de l’économie nationale. Le ministre Ouadah l’a souligné dans son allocution : ce mouvement vers la formalisation reflète « une nouvelle dynamique dans les mentalités et les mécanismes de travail » et témoigne « d’un véritable changement de paradigme dans le parcours de l’économie numérique ».
Les perspectives sont prometteuses. Grâce à l’inscription en ligne et à la simplification des procédures, les barrières d’entrée tombent pour les jeunes porteurs de projets, les artisans, les freelancers ou encore les petits prestataires de services. Dans un contexte où la digitalisation est désormais au cœur de toutes les politiques publiques, l’Algérie donne un coup d’accélérateur à son ambition de moderniser et structurer l’économie à la base, en s’appuyant sur le statut d’auto-entrepreneur.
Aujourd’hui, en Algérie, être auto-entrepreneur, c’est bien plus que posséder une carte : c’est intégrer un écosystème en pleine ébullition, s’ouvrir à de nouveaux droits, s’affranchir de l’informel et s’ancrer durablement dans le tissu économique. En donnant à ses citoyens les outils pour devenir auto-entrepreneur, l’Algérie frappe fort, et les résultats déjà visibles ne sont qu’un avant-goût des transformations plus profondes à venir. L’État semble décidé à faire de cette catégorie un pilier durable de l’économie nationale, tout en inscrivant l’auto-entrepreneuriat dans les logiques de transparence, d’innovation et de croissance inclusive qui définissent aujourd’hui les ambitions économiques de l’Algérie.