C’est quoi la fête du 1er novembre en Algérie ?

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Le 1er novembre en Algérie n’est pas une date comme les autres. Elle marque l’un des moments les plus décisifs de l’histoire du pays : le déclenchement de la Révolution algérienne en 1954, un soulèvement qui allait bouleverser le destin d’un peuple et mettre fin à plus de cent trente ans de colonisation française. Chaque année, les Algériens célèbrent cette journée comme une fête nationale, symbole de courage, de sacrifice et de liberté. Derrière les drapeaux hissés, les défilés officiels et les cérémonies patriotiques, le 1er novembre incarne surtout la mémoire collective d’un combat pour l’indépendance, profondément ancré dans l’identité du pays.

Cette date du 1er novembre 1954 correspond à ce que l’histoire a retenu sous le nom de « Toussaint rouge », en référence aux multiples attaques coordonnées menées par les premiers combattants du Front de Libération Nationale (FLN) contre des positions coloniales à travers le territoire algérien. Cette insurrection fut le point de départ d’une guerre longue, douloureuse et déterminante, qui allait durer près de huit ans et conduire à la naissance de l’Algérie indépendante le 5 juillet 1962. Le 1er novembre symbolise donc la rupture définitive entre la France coloniale et les Algériens, décidés à reprendre leur destin en main.

Ce jour-là, le FLN publia également un texte historique : la Proclamation du 1er novembre, un document fondateur qui définissait les objectifs de la lutte armée. Il y était clairement affirmé que le but ultime était la restauration d’un État algérien souverain, démocratique et social, dans le cadre des principes de l’islam et du respect des libertés fondamentales. Ce manifeste marquait la naissance officielle du mouvement de libération nationale et fixait les bases politiques du combat à venir.

Pour les Algériens, le 1er novembre n’est donc pas seulement une fête commémorative. C’est un moment de recueillement, mais aussi de fierté nationale. Dans toutes les villes, des cérémonies ont lieu devant les monuments aux morts, où les autorités, les anciens moudjahidines et les citoyens se rassemblent pour rendre hommage aux martyrs tombés pour l’indépendance. Les écoles, les institutions publiques et les médias consacrent cette journée à rappeler les grandes étapes de la guerre de libération et les valeurs qu’elle incarne : le courage, la solidarité, la dignité et le patriotisme.

Chaque génération d’Algériens vit cette date à sa manière. Pour les plus anciens, elle réveille le souvenir des années de lutte, de souffrance et d’espérance. Pour les plus jeunes, elle représente une occasion d’apprendre et de comprendre ce que signifie réellement la liberté. La fête du 1er novembre reste ainsi un pilier de la conscience nationale, un lien entre le passé et le présent, une invitation à préserver la mémoire tout en construisant l’avenir.

Dans un contexte contemporain souvent marqué par des débats politiques, économiques ou identitaires, le 1er novembre garde toute sa portée symbolique. Il rappelle que l’unité et la détermination des Algériens ont permis de surmonter l’une des épreuves les plus difficiles de leur histoire. Chaque année, les discours officiels insistent sur la nécessité de rester fidèles à l’esprit de la Révolution, non pas seulement en la célébrant, mais en perpétuant les valeurs qu’elle a portées : la justice, la souveraineté et le travail au service du pays.

La fête du 1er novembre en Algérie, c’est donc bien plus qu’un jour férié. C’est un rendez-vous avec l’histoire, un moment où les Algériens se souviennent d’où ils viennent et pourquoi ils ont tant lutté pour leur indépendance. Dans chaque drapeau brandi, dans chaque hymne entonné, résonne l’écho du courage des hommes et des femmes qui ont cru en la liberté. Plus de soixante-dix ans après le déclenchement de la Révolution, cette journée reste un repère identitaire, une promesse renouvelée que l’Algérie continuera d’avancer, forte de son passé, fidèle à sa mémoire et unie autour des idéaux du 1er novembre.