Actualité politique – L’Algérie et la France sont depuis quelques jours au cœur d’une crise inédite, qui n’a jamais atteint de telles proportions depuis l’indépendance algérienne en 1962.
Une grave crise a en effet éclaté ces derniers jours entre l’Algérie et la France, notamment suite à l’annonce de ce dernier pays de la réduction du nombre de visas accordés aux algériens. Cette décision est intervenue suite au refus constant des autorités diplomatiques algériennes de délivrer des laissez-passer consulaires à leurs citoyens faisant l’objet de mesures d’expulsion en France.
Selon le ministre français de l’Intérieur Gérald Darmanin, la levée de cette mesure reste conditionnée au renforcement de la coopération dans la lutte contre l’immigration clandestine de la part de l’Algérie.
Les autorités de ce pays d’Afrique du Nord ne sont d’ailleurs pas restées indifférentes à cette décision. Le ministère des affaires étrangères avait, pour rappel convoqué l’ambassadeur de France en Algérie, François Gouyette pour lui signifier le mécontentement de la partie algérienne quant à cette décision unilatérale de la France.
Crise inédite entre l’Algérie et la France : du jamais vu entre les deux pays
Mais la goutte qui a fait déborder le vase dans cette crise inédite entre l’Algérie et la France reste les récents propos du président français Emmanuel Macron. Le premier responsable français, dont les déclarations ont été rapportées par le journal Le Monde, avait en effet tenu un discours particulièrement véhément à l’égard de l’Algérie.
Lors d’une rencontre avec des descendants d’acteurs de la guerre d’Algérie, Emmanuel Macron employé des termes qui sont loin de plaire aux autorités algériennes. Le président français a notamment qualifié l’Algérie de « système politico-militaire » qui vivrait d’une « rente mémorielle », grâce à une « histoire officielle » qui s’appuierait sur « la haine de la France ».
La présidence algérienne n’a pour sa part pas tardé à réagir. Dans un communiqué rendu public hier samedi, la première institution du pays a ainsi dénoncé ce qu’elle estime être « une ingérence » du président français dans ses affaires intérieures. « l’Algérie exprime son rejet catégorique de l’ingérence inadmissible dans ses affaires intérieures que constituent lesdits propos », avait écrit la première institution du pays.
La même source estime que les propos du président français « portent une atteinte intolérable à la mémoire des 5.630.000 martyrs qui ont sacrifié leurs vies pendant la résistance héroïque à l’invasion coloniale française ainsi que pendant la guerre de libération nationale ».
« Cette intervention désolante qui heurte fondamentalement les principes conduisant vers une éventuelle coopération algéro-française en matière de mémoire, tend à la promotion d’une version justificative du colonialisme au détriment de la vision établie par l’Histoire de la légitimité des luttes de la libération nationale, au moment où personne ne peut pardonner les crimes des forces coloniales, y compris les massacres du 17 octobre à Paris que l’Algérie et sa diaspora établie en France s’apprêtent à commémorer dans la dignité », ajoute le communiqué de la présidence.
L’Algérie ne s’est d’ailleurs pas contentée de répondre aux déclarations du président français. La présidence de la République a en effet annoncé le rappel de l’ambassadeur d’Algérie à Paris pour consultation suite aux déclarations d’Emmanuel Macron. Les autorités de ce pays d’Afrique du Nord ont en outre annoncé la fermeture de l’espace aérien algérien aux avions militaires français, qui passaient au dessus du ciel national depuis plusieurs années pour rallier le Mali dans le cadre de l’opération Barkhane.
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