Actualité politique – Le récent rapport de l’historien français Benjamin Stora sur la mémoire commune entre l’Algérie et la France, a suscité la colère des Harkis. Le Comité national de liaison des Harkis (CNLH) a ainsi dénoncé la teneur de ce rapport dans son volet concernant cette catégorie de personnes.
L’historien Benjamin Stora a en effet remis, mercredi dernier, son rapport sur la question mémorielle à l’Élysée. Ce rapport, qui avait pour objectif de « dresser un état des lieux juste et précis du chemin accompli en France sur la mémoire de la colonisation et de la guerre d’Algérie », contient plusieurs recommandations, parmi lesquels celle de « faciliter les déplacement des harkis et de leurs familles entre l’Algérie et la France ». Toutefois, les harkis ne semblent pas satisfaits par cette mesure.
Dans un communiqués rendu public ce samedi, le Comité national de liaison des Harkis (CNLH) est monté au créneau contre Benjamin Stora qu’il a accusé de « minimalisme ». « C’est de la poudre aux yeux », a déclaré Mohamed Badi, porte-parole du CNLH, en allusion à la mesure proposée par l’historien français. « Les personnes qui restent sont dans leur lit de mort ou sont âgées. Quant aux enfants, les jeunes, quand ils y vont (en Algérie, ndlr), ils sont mal accueillis » a-t-il déclaré. Le porte parole de Comité national de liaison des Harkis estime ainsi que « ce qui compte vraiment c’est que la France reconnaisse définitivement le mal qu’elle a fait. En cachant cette partie de l’Histoire, elle fausse l’Histoire ».
Dossier de mémoire et retour des Harkis : un expert algérien réagit à la proposition de Benjamin Stora
Toujours en ce qui concerne la question des Harkis, rappelons que le chercheur algérien en Histoire, Mohamed El Korso, a récemment réagi à la proposition de Benjamin Stora concernant cette catégorie de personnes. Dans un entretien au quotidien francophone Liberté, M. El Korso a en effet estimé que « La France veut faire de la question des harkis un problème fondamental. (…) on essaie, en fait, de nous mettre, nous Algériens, en position d’accusés ». « Si demain le dialogue des mémoires traîne et n’avance pas, l’alibi sera vite trouvé du côté français, en pointant du doigt la responsabilité de l’Algérie qui aura refusé de faciliter les déplacements des harkis et de leurs enfants », a-t-il avancé.
Notons enfin que, presque 60 ans après l’Indépendance de l’Algérie, le dossier des Harkis demeure parmi les plus épineux dans la relation avec la France. Ces personnes, qui ont combattu du côté français pendant la guerre d’Algérie sont en effet considérés comme des traîtres à la nation dans ce pays d’Afrique du Nord. Les organisations de Harkis accusent, quant à elles, la France de les avoir abandonnés en Algérie où ils affirment avoir subi des exactions au lendemain de l’Indépendance.