E-commerce en Algérie : Attention à ces 2 arnaques très répandues

Le commerce électronique (E-commerce) en Algérie est en plein essor, porté par l’engouement croissant des consommateurs pour les achats en ligne. Pourtant, cette expansion rapide s’accompagne d’une prolifération d’arnaques qui ternissent la confiance des acheteurs. Mustapha Zebdi, président de l’Association algérienne de protection et d’orientation du consommateur et de son environnement (APOCE), met en garde contre l’ampleur des fraudes qui gangrènent ce secteur en mutation. Alors que les autorités tentent d’imposer des règles plus strictes et d’encourager les paiements électroniques, les consommateurs doivent redoubler de vigilance.

Parmi les arnaques les plus répandues, celle de la livraison d’un produit différent de celui commandé est particulièrement fréquente. De nombreux clients se retrouvent avec des articles de qualité inférieure, voire sans aucun rapport avec leur commande initiale, sans aucun recours possible. L’absence de politique claire de retour ou de remboursement aggrave la situation. À cela s’ajoute une autre fraude courante : le paiement anticipé sans livraison. Des consommateurs versent un acompte, voire la totalité du montant, mais ne reçoivent jamais leur marchandise. Les pages de vente fantômes prolifèrent sur les réseaux sociaux, disparaissant une fois les paiements encaissés.

Face à cette situation alarmante, l’APOCE plaide pour une authentification obligatoire des vendeurs en ligne. Zebdi a estimé dans des déclarations accordées à El Moudjahid que, chaque commerçant devrait être enregistré avec un numéro d’identification officiel afin de garantir une transparence totale. Une telle mesure permettrait aux acheteurs de s’assurer qu’ils traitent avec des professionnels réglementés et répondant aux obligations légales en cas de litige. Actuellement, la majorité des transactions se font par paiement à la livraison, ce qui représente environ 95 % des opérations en Algérie. Ce mode de paiement, bien qu’il rassure certains consommateurs, engendre des difficultés logistiques et freine l’adoption des solutions numériques.

Pour moderniser le secteur du E-commerce en Algérie et renforcer la sécurité des transactions, plusieurs initiatives ont été mises en place. La généralisation des terminaux de paiement électronique (TPE) est déjà en cours, mais leur utilisation reste encore marginale. En parallèle, un projet de paiement instantané est prévu pour 2025. Ce système permettrait aux commerçants de recevoir les fonds immédiatement après une transaction, contre un délai actuel de 48 à 72 heures. D’autres alternatives comme le paiement mobile via QR code se développent également. Depuis octobre 2024, plusieurs banques algériennes proposent des solutions permettant aux clients de payer en scannant un QR code, une méthode simple, rapide et sécurisée.

Le gouvernement, conscient des enjeux, a déployé une campagne nationale de sensibilisation au commerce électronique et au e-paiement. Lancée en mars 2024, cette initiative vise à inciter commerçants et consommateurs à adopter ces nouvelles solutions numériques. Parallèlement, un renforcement de la réglementation est en préparation pour lutter contre les fraudes. Zebdi appelle à des sanctions exemplaires contre les escrocs et conseille aux consommateurs de ne jamais payer un achat en ligne avant d’avoir vérifié la marchandise. Il souligne aussi le rôle clé des transporteurs dans la protection des acheteurs. Des entreprises comme Yalidine pourraient faciliter l’inspection du produit avant paiement, une mesure essentielle pour garantir les droits des clients.

Malgré ces défis, le e-commerce poursuit son expansion en Algérie. Avec un marché dépassant 1,5 milliard de dollars et plus de 18 millions de cartes de paiement en circulation, les perspectives sont prometteuses. L’arrivée du « switch mobile » en juin 2024, permettant des transactions interbancaires instantanées via QR code, constitue une avancée majeure vers une digitalisation accrue. La route est encore longue pour assainir ce secteur, mais les efforts conjugués des autorités, des associations de protection des consommateurs et des entreprises technologiques laissent entrevoir un avenir plus sûr pour les acheteurs algériens.