C’est une affaire singulière qui a été jugée à Rouen, lundi 21 juillet 2025, où un Syrien a comparu en comparution immédiate pour des faits liés à des vols et au recel de documents d’identité. Le Syrien, soupçonné d’avoir usurpé plusieurs identités, notamment celle d’un Algérien, a été rattrapé par une situation inhabituelle : les miaulements insistants d’un chat. C’est cet animal qui, sans le savoir, a déclenché une intervention des pompiers, puis une perquisition de police qui a mis au jour une impressionnante collection d’objets volés et de faux papiers.
Dans un appartement situé rue Verte, à Rouen, les enquêteurs ont découvert une multitude d’éléments compromettants. Parmi eux, des cartes d’identité, un passeport algérien, un titre de séjour espagnol, des cartes vitales, plusieurs vélos, un drone, et même un sac de marque. Tous ces objets avaient été volés dans des voitures. L’enquête a rapidement permis d’identifier que le passeport algérien utilisé était un faux, tout comme le titre de séjour espagnol. Le Syrien, âgé de 21 ans, se faisait passer pour un Algérien afin de louer plus facilement un logement en France. Cette situation a conduit les autorités à s’interroger sur les véritables intentions du prévenu, qui n’a jamais été clairement coopératif durant l’interrogatoire.
Le Syrien, qui a reconnu avoir utilisé une fausse identité d’Algérien, a déclaré qu’il avait fait cela pour obtenir un appartement dans de meilleures conditions. Selon lui, se présenter comme un Algérien en France lui permettait de faciliter certaines démarches, notamment l’accès au logement. Cependant, les autorités ont noté plusieurs contradictions dans ses déclarations. Il affirme n’avoir passé que quelques jours dans cet appartement, pourtant son téléphone y bornait quotidiennement tout au long du mois de juin. De plus, il a refusé de fournir le code d’accès à son téléphone, ce qui a compliqué les vérifications des enquêteurs. Ce comportement a été jugé suspect par les magistrats.
À l’audience, le procureur a mis en avant la complexité du dossier. Il s’est notamment interrogé sur les motivations réelles de ce Syrien à se faire passer pour un Algérien, en soulignant que cette démarche pourrait cacher une stratégie délibérée pour contourner certaines règles en France. Il a aussi évoqué la possibilité que le jeune homme fasse partie d’un réseau organisé, sans pouvoir l’affirmer avec certitude. L’enjeu dépasse donc la simple utilisation de faux documents : il s’agit aussi de déterminer si ce Syrien, utilisant une fausse identité d’Algérien, était impliqué dans une structure plus vaste opérant en France.
La défense, pour sa part, a tenté de minimiser les faits, expliquant que le prévenu n’avait pas été arrêté en flagrant délit le jour de la perquisition. L’avocat a insisté sur l’absence de preuves tangibles reliant directement son client aux objets volés retrouvés dans le logement. Il a plaidé la relaxe et a souligné la volonté de son client de « changer de vie », affirmant que le jeune homme souhaitait intégrer la Légion étrangère, ce qui suppose une volonté de se réinsérer en France dans un cadre légal.
Le tribunal a tranché. Reconnu coupable de recel de vol en récidive, ce Syrien de 21 ans, qui s’est fait passer pour un Algérien afin d’obtenir un logement en France, a été condamné à huit mois de prison ferme, avec maintien en détention. Il écope également d’une interdiction de séjour sur le territoire français pendant cinq ans. Les objets retrouvés chez lui, dont les documents volés, ont été confisqués. Cette condamnation reste susceptible d’appel, mais le jugement illustre les conséquences lourdes d’une tentative de fraude identitaire, surtout lorsque plusieurs identités sont en jeu et que les autorités françaises collaborent avec les polices d’autres pays européens pour démasquer les fausses déclarations.
L’affaire, rapportée par Actu.fr, met en lumière un phénomène méconnu : l’utilisation par certains étrangers de fausses nationalités pour bénéficier de dispositifs d’accueil ou de logement. Dans ce cas précis, un Syrien s’est présenté comme un Algérien à plusieurs reprises en France, pensant probablement que cela faciliterait son quotidien. Mais c’est un chat, et non une enquête planifiée, qui aura mis un terme à cette mascarade, révélant une affaire bien plus vaste qu’elle n’y paraissait au départ.