Actualités – Une ressortissante d’origine algérienne établie en France a réussi à faire plier une préfecture française qui était déterminée à l’expulser à tout prix.
La justice administrative a révoqué, vendredi, un ordre d’expulsion vers l’Algérie émis par le préfet du Nord à l’encontre d’une femme de Roubaix, ayant quitté la France pour la Syrie avec sa famille alors qu’elle était mineure. Cette annulation a été motivée par l’absence de preuves concrètes indiquant qu’elle représente une « menace sérieuse pour l’ordre public ».
Le tribunal administratif de Lille, intervenant en référé, a publié un communiqué contredisant la préfecture, en précisant que cette femme de 24 ans, malgré le ralliement de 23 membres de sa famille à l’État islamique, n’a fait l’objet ni de poursuites ni d’une qualification en tant que témoin assisté à son retour en France. Notamment, elle aurait apporté des éléments mettant en cause certaines personnes, y compris des membres de sa propre famille. Contactée par l’AFP, la préfecture s’est abstenue de tout commentaire.
Me Marie Dosé, avocate de la jeune femme et mère de deux enfants nés en Syrie, a exprimé un grand soulagement. Elle déclare que sa cliente a subi l’oppression et la radicalisation de sa famille. Selon elle, cette femme devrait avoir la possibilité de rebâtir sa vie en France, son pays de naissance et d’enfance, duquel elle a été injustement écartée par une famille abusive.
La mère de cette femme avait refusé de faire une demande de nationalité française pour elle à l’adolescence, la laissant désormais en situation irrégulière en tant que ressortissante algérienne. Bien que la commission d’expulsion du tribunal de Lille ait émis un avis défavorable à son renvoi le 25 septembre, cette femme, emmenée en Syrie par sa mère avec ses frères et sœurs en 2014 alors qu’elle avait 15 ans, est revenue en France en janvier avec ses deux enfants, après avoir vécu cinq ans dans des zones contrôlées par l’État islamique et quatre années dans le camp d’Al Roj, où de nombreux djihadistes sont retenus sous surveillance kurde.
Malgré l’opinion négative du tribunal, le préfet Georges-François Leclerc a délivré un ordre d’expulsion le 10 octobre, justifiant qu’elle constituait une « menace sérieuse et continue pour l’ordre public ». Dans cet ordre, il a également souligné qu’elle avait entretenu des relations avec d’autres rapatriés depuis son retour en France, sans toutefois pouvoir prouver sa participation à des activités terroristes commises par des membres de la communauté à laquelle elle appartenait.
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