Une nouvelle politique, relative aux logements, mise en œuvre dans les Hauts-de-Seine risque d’avoir des conséquences dramatiques pour certains Algériens établis en France. Le préfet du département, en collaboration avec le tribunal de Nanterre et les 35 bailleurs sociaux locaux, a signé une convention visant à renforcer les moyens de lutte contre la délinquance dans les logements sociaux. Cette coordination, inédite par son ampleur, ouvre désormais la voie à des expulsions plus fréquentes et ciblées, notamment dans les quartiers où les troubles à l’ordre public sont récurrents.
Parmi les mesures désormais effectives, l’expulsion de locataires ou de leurs proches en cas d’actes délictueux devient une option systématiquement étudiée. Jusqu’à présent, les recours à la force publique dans ce cadre étaient extrêmement rares : en 2024, seulement deux familles avaient été concernées par des expulsions en lien avec des faits de délinquance, l’une à Bagneux, l’autre à Nanterre, toutes deux locataires chez le bailleur Seqens. Mais les signataires de la nouvelle convention veulent inverser cette tendance.
Un exemple récent illustre cette évolution. À Levallois-Perret, dans le quartier Alsace, une mère et ses deux fils majeurs ont été expulsés début avril de leur logement social après plusieurs années de nuisances et de condamnations. Ce cas n’est plus une exception. Pour les autorités, il symbolise la nouvelle fermeté affichée : dorénavant, les familles de personnes impliquées dans des troubles graves peuvent se voir retirer leur logement, même si tous les membres du foyer ne sont pas directement mis en cause.
La directrice générale adjointe de Seqens, Élisabeth Novelli, a expliqué les fondements de cette politique. Elle précise qu’il ne s’agit pas d’une généralisation abusive, mais de réponses fermes à des situations extrêmes, comme l’agression physique d’une gardienne à Bagneux ou des jets de pierres depuis une fenêtre à Nanterre. Ces cas, qualifiés de « très exceptionnels », seraient traités avec une tolérance zéro. Pour elle, « la vie paisible est un droit » et les bailleurs doivent agir en conséquence, même si les délais judiciaires restent longs — entre 18 et 24 mois pour une procédure d’expulsion complète.
Ce renforcement de la coordination entre les acteurs institutionnels, s’il vise un objectif de tranquillité publique, engendre une inquiétude croissante chez certains résidents d’origine algérienne. Beaucoup craignent que cette politique ne cible de manière disproportionnée des familles issues de l’immigration. Les expulsions, bien que justifiées officiellement par des faits précis, pourraient avoir pour effet collatéral de jeter à la rue des personnes vulnérables, souvent précaires, qui n’ont pas toujours les moyens de se défendre ou de se reloger rapidement.
Dans les quartiers populaires des Hauts-de-Seine, cette nouvelle convention crée un climat de tension. Des habitants redoutent que des erreurs d’appréciation, ou des amalgames entre auteurs de délits et membres innocents de leur famille, puissent aboutir à des décisions d’expulsion injustes. D’autant plus que l’accès au logement social est déjà difficile, et que le relogement après une expulsion est quasiment impossible pour ceux qui se retrouvent stigmatisés dans les fichiers des bailleurs.
L’enjeu est de taille : maintenir un équilibre entre la sécurité des locataires et la justice individuelle, sans tomber dans des mesures collectives punitives. Pour de nombreux Algériens de France, cette situation soulève une angoisse nouvelle. Le logement, pilier de l’intégration, devient soudainement un bien fragile, soumis à des décisions extérieures sur lesquelles ils n’ont que peu de contrôle.
Alors que les expulsions pour cause de délinquance dans les logements sociaux risquent de se multiplier, le sort de nombreux Algériens de France est désormais incertain. Si la convention signée dans les Hauts-de-Seine devait faire école dans d’autres départements, ce sont potentiellement des centaines de foyers qui pourraient, à terme, se retrouver en situation de précarité extrême. Une politique de fermeté qui, bien que légale, ouvre la porte à des drames humains silencieux.
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