Le débat sur l’immigration en France prend une nouvelle tournure alors que le ministre de l’Industrie, Roland Lescure, a évoqué la nécessité de faire appel à 100 000 à 200 000 travailleurs étrangers dans les dix prochaines années. Cette déclaration, faite lors d’une interview sur franceinfo, risque de créer des tensions avec le Rassemblement national (RN), qui prône une politique plus restrictive en matière d’immigration.
À quelques jours de l’examen du projet de loi sur l’immigration à l’Assemblée nationale, Roland Lescure a souligné les défis auxquels sera confronté le secteur industriel en matière de main-d’œuvre. Selon lui, l’immigration économique est cruciale pour répondre aux besoins de formation des jeunes. « Si on arrive à former 800 000 à 900 000 jeunes, ce sera exceptionnel. Il en manquera encore 100 000 à 200 000 qu’il faudra, sans doute, aller chercher ailleurs », a déclaré le ministre.
L’argument avancé par Roland Lescure est que sur les dix prochaines années, l’industrie française aura besoin de combler 1,3 million d’emplois, alors que 800 000 à 900 000 personnes prendront leur retraite. Pour maintenir et renforcer la position industrielle, écologique et souveraine de la France, le ministre estime qu’il faudra probablement recourir à l’immigration économique.
Cependant, il tient à souligner que l’appel à 100 000 à 200 000 travailleurs étrangers n’équivaut pas à un « grand remplacement » ou à un « tsunami ». Il insiste sur le fait que cela ne signifie pas l’ouverture massive des vannes de l’immigration économique, mais plutôt une réponse ciblée à des besoins spécifiques.
Cette déclaration intervient après que le Sénat ait récemment durci certaines dispositions du projet de loi sur l’immigration, notamment en restreignant l’accès à un titre de séjour pour les travailleurs dans des « métiers en tension ». Le gouvernement avait initialement proposé un accès plus large à la régularisation, mais le Sénat a adopté des mesures plus restrictives.
Immigration en France : Marine Le Pen dure avec les étrangers
La controverse autour du projet de loi sur l’immigration en France s’intensifie, avec Marine Le Pen, présidente du groupe Rassemblement national à l’Assemblée, réaffirmant son opposition à l’article 3 du projet de loi, désormais renuméroté 4 bis au Sénat. Interrogée sur France Inter le 23 novembre, Marine Le Pen a souligné que tant que l’idéologie de l’article 3 demeure dans le texte, ils n’ont aucune raison de le voter.
Le projet de loi sur l’immigration a récemment entamé son parcours à l’Assemblée nationale après avoir été adopté par le Sénat dans une version considérablement durcie le 14 novembre. Marine Le Pen critique la fermeté affichée par les sénateurs Les Républicains (LR), qualifiant leur position de « mollesse absolue en matière d’immigration ».
Selon Marine Le Pen, la version actuelle du projet de loi intègre une nouvelle filière, ce qu’elle juge inadmissible compte tenu de la situation actuelle. Sa critique porte principalement sur l’article 3, devenu 4 bis au Sénat, qui a été au centre de nombreux débats et ajustements. Cette mesure prévoyait initialement d’octroyer un titre de séjour d’un an renouvelable aux personnes travaillant dans des « métiers en tension » et justifiant de trois ans de présence en France, ainsi que de huit fiches de paie.
Le gouvernement, repartant de la version du Sénat, a suscité des désaccords profonds entre les différentes factions politiques. Marine Le Pen souligne que cette version ne répond pas efficacement aux enjeux liés à l’immigration, exprimant son insatisfaction envers l’article 3, désormais repositionné dans le texte.
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