Le maire de Melun, Kadir Mebarek, est récemment au cœur d’une polémique après une prise de parole qui a enflammé les réseaux sociaux. Accusé de communautarisme suite à des propos tenus lors d’une rencontre avec l’Union de la communauté algérienne de Melun, l’élu franco-algérien se retrouve confronté à une vague de critiques et de doutes sur sa légitimité à représenter tous les citoyens de sa ville. En réponse, Mebarek a décidé de ne pas se laisser intimider, affirmant qu’il refuse de renier son histoire pour correspondre à une certaine vision de la « francité ».
« Je suis le résultat de la méritocratie républicaine. C’est mon identité. On me demande d’effacer mon histoire pour être plus Français que Français », a répliqué Kadir Mebarek avec une fermeté qui traduit sa détermination à défendre son parcours. Né en France d’un père harki, ce dernier a grandi en embrassant les valeurs de la République tout en préservant son histoire familiale. Cependant, dans un climat politique tendu autour des questions identitaires, il semble que pour certains, son engagement public ne suffit pas à le rendre « suffisamment Français ».
La prise de parole de l’élu franco-algérien qui divise
La tempête a débuté après la diffusion sur les réseaux sociaux de la vidéo de son discours devant l’Union de la communauté algérienne de Melun. Kadir Mebarek y exprimait notamment : « Nous, les Algériens ici en France, on est une communauté qui est quand même assez, il faut se le dire, ostracisée ». Ces mots ont déclenché une série de réactions virulentes, certains internautes l’accusant de communautarisme et remettant en question sa capacité à gouverner en tant que maire.
Des appels à la démission ont même émergé dans les commentaires, amplifiant la pression sur l’édile. Selon ses détracteurs, une telle déclaration serait incompatible avec son rôle de maire d’une commune française, dont il se doit de représenter tous les citoyens de manière impartiale. Mais pour Kadir Mebarek, ces attaques sont une manière de le réduire à ses origines, et de lui nier son appartenance à la nation française.
« On est toujours en train d’essayer de trouver un argument, un indice, que je ne suis pas suffisamment Français aux yeux de certains », a-t-il déploré, dénonçant un climat de suspicion à son égard.
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Une histoire familiale française, comme tant d’autres
Le parcours de l’élu franco-algérien est celui de nombreux Français issus de l’immigration. Fils d’un harki, il porte en lui une histoire complexe, mêlant passé colonial et aspirations républicaines. Pour lui, cette double identité n’a jamais été un frein à son engagement citoyen. Au contraire, elle l’a poussé à s’investir pleinement dans la vie politique française, convaincu que la diversité enrichit la République.
« Comme des millions de Français, j’ai une histoire familiale. Elle aurait pu être italienne, polonaise, portugaise… Mais j’ai prononcé le mot « Algérien ». » C’est ce terme qui, selon lui, a suscité tant de réprobation. En effet, dans un contexte où l’immigration reste un sujet brûlant, certains voient encore dans l’origine algérienne un marqueur de différence à effacer pour être pleinement accepté dans la communauté nationale.
Pourtant, comme il l’a souligné, les millions de Français d’origine étrangère, qu’ils soient d’ascendance italienne, portugaise ou polonaise, ont eux aussi une histoire liée à leur passé familial. Mais ce sont souvent ceux qui sont issus de l’immigration post-coloniale, notamment algérienne, qui doivent constamment prouver leur « francité ».
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Refus de céder à la déstabilisation
Kadir Mebarek voit dans cette polémique une tentative de déstabilisation. Selon lui, les accusations de communautarisme sont une manière d’instrumentaliser ses origines pour affaiblir son mandat et remettre en question sa légitimité. Cependant, loin de se laisser abattre, il appelle à la réflexion sur l’inclusion et le respect de toutes les composantes de la société française.
« Il faut comprendre que, derrière ces attaques, il y a une volonté de fragiliser l’idée même qu’un élu puisse embrasser pleinement son histoire et celle de ses parents tout en servant la République », a-t-il ajouté.
Face à la polémique, le maire de Melun reste donc déterminé à ne pas effacer son identité et à continuer à se battre pour ses convictions. En refusant de céder à la pression, il souhaite également envoyer un message plus large : celui de la reconnaissance de tous les citoyens, quelles que soient leurs origines, dans l’édifice républicain.
Ainsi, Kadir Mebarek, loin de céder aux injonctions à la démission, entend bien poursuivre son action au service de tous les Melunais, convaincu que la République, dans sa diversité, reste l’ultime garante de l’unité nationale.