« On souhaite les meilleures relations avec l’Algérie, mais…» : le ministre Jean-Noël Barrot accuse

Jean-Noël Barrot Algérie

Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, a exprimé dimanche ses préoccupations quant à l’état des relations France Algérie, en particulier après l’incarcération de l’écrivain Boualem Sansal. Lors de son passage au Grand Jury RTL-Le Figaro-Public Sénat-M6, Barrot a soulevé des questions sur la volonté d’Alger de respecter les engagements pris dans le cadre de la feuille de route bilatérale établie en 2022. Ce document, censé baliser une nouvelle ère de coopération entre les deux pays, semble aujourd’hui menacé par des tensions croissantes.

Le ministre Jean-Noël Barrot a évoqué des « doutes » concernant la sincérité de l’Algérie à suivre cette feuille de route. « Nous avons en 2022 (…) rédigé une feuille de route (…), nous tenons à ce (qu’elle) puisse être suivie », a-t-il rappelé, tout en soulignant que des actions récentes du gouvernement algérien suscitent des interrogations. « Pour tenir la feuille de route, il faut être deux », a-t-il ajouté, mettant en lumière la nécessité d’un engagement mutuel pour préserver cette relation historique.

Le cas de Boualem Sansal, écrivain de renommée internationale et critique ouvert du pouvoir algérien, est au cœur des préoccupations actuelles. Depuis son arrestation à la mi-novembre pour des accusations d’atteinte à la sûreté de l’État, Sansal est devenu un symbole des tensions croissantes entre Alger et Paris. Âgé de 75 ans, Sansal est en détention et son état de santé, fragile, suscite l’inquiétude. « Je suis préoccupé par son état de santé (…) La France est très attachée à la liberté d’expression », a déclaré Barrot, réaffirmant l’engagement de la France à défendre les droits fondamentaux, notamment la liberté d’opinion.

Le président algérien Abdelmadjid Tebboune, quant à lui, a qualifié l’écrivain d’« imposteur » envoyé par la France, une déclaration qui n’a fait qu’intensifier les tensions. Sansal, qui a acquis la nationalité française en 2024, est accusé en vertu de l’article 87 bis du code pénal algérien, qui traite des actes visant la sûreté de l’État et l’intégrité du territoire. Cette législation, souvent critiquée pour sa sévérité, est au centre de la controverse entourant son emprisonnement.

La déclaration de Barrot est venue renforcer la position de la France face à la détérioration des relations bilatérales. « Nous souhaitons entretenir les meilleures relations avec l’Algérie (…) mais ce n’est pas le cas aujourd’hui », a-t-il déploré, marquant une volonté de rétablir un dialogue constructif, bien que la situation actuelle demeure tendue.

Parallèlement, l’ambassadeur algérien à Paris a été rappelé fin juillet, suite à une série de désaccords diplomatiques, notamment concernant le soutien de la France aux propositions marocaines sur le Sahara occidental. La visite du président Emmanuel Macron à Rabat en octobre dernier n’a fait qu’exacerber les tensions avec Alger, soulignant la complexité des relations tripartites entre la France, l’Algérie, et le Maroc.

Dans ce contexte, la feuille de route de 2022, initialement perçue comme une opportunité de renouveler les relations franco-algériennes, semble aujourd’hui remise en question. Les actions récentes des deux gouvernements illustrent les défis d’une coopération bilatérale stable et durable. La situation de Boualem Sansal, en tant qu’exemple frappant de ces tensions, devient un point de friction majeur dans les relations entre Paris et Alger.

L’avenir de ces relations dépendra en grande partie de la capacité des deux nations à surmonter leurs différends actuels et à s’engager dans un dialogue constructif. La France, par la voix de Jean-Noël Barrot, a réaffirmé son attachement à une relation positive avec l’Algérie, tout en insistant sur la nécessité de respecter les engagements mutuels. L’évolution de l’affaire Sansal et des relations diplomatiques dans les mois à venir sera cruciale pour déterminer si cette feuille de route peut encore servir de fondement à une coopération renforcée.

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