Paris : l’avenue Bugeaud, figure de la colonisation de l’Algérie, débaptisée

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Le 14 octobre 2024, la maire de Paris, Anne Hidalgo, a procédé à l’inauguration de l’avenue Hubert Germain, remplaçant ainsi l’avenue Bugeaud, une figure controversée de la colonisation de l’Algérie. Ce changement de nom fait écho à une volonté de la municipalité de redéfinir certains symboles historiques de la ville, en intégrant des personnalités qui incarnent des valeurs de lutte, de tolérance et de liberté. En effet, le maréchal Bugeaud, bien qu’illustre, est également associé à des actes jugés particulièrement néfastes pendant la colonisation française en Algérie au XIXe siècle.

L’annonce de ce changement avait été faite en novembre 2023, lorsque la maire a évoqué le « rôle éminemment néfaste » de Bugeaud, notamment pour ses actions violentes et ses stratégies militaires dans les années 1830-1840, qu’on pourrait aujourd’hui qualifier de crimes de guerre. La mairie a également rappelé ses « exactions » en France, en particulier lors de la répression de l’insurrection républicaine de 1834, justifiant ainsi la nécessité de ce renouveau.

Hubert Germain, dont le nom est désormais associé à l’avenue, était le dernier Compagnon de la Libération. Né dans le XVIe arrondissement de Paris, Germain a fait preuve d’un courage exceptionnel en s’engageant dans les Forces françaises libres dès juin 1940 et en participant au débarquement de Provence en 1944. Son parcours symbolise une France qui s’oppose à l’oppression et qui défend des valeurs d’humanité et de résistance.

La transformation de l’avenue s’inscrit dans une dynamique plus large de réévaluation du patrimoine mémoriel parisien. Selon un communiqué de la mairie, l’objectif est de « rendre un dernier hommage » à Hubert Germain, qui est décédé en 2021. Cette démarche de débaptisation s’inscrit dans le cadre d’une réflexion sur le passé colonial de la France et sur la manière dont ce dernier est perçu dans l’espace public. En honorant Germain, Paris choisit d’ériger des figures de résistance plutôt que des figures controversées qui ont été impliquées dans des injustices historiques.

Cependant, ce changement a suscité des débats au sein du Conseil de Paris, où la décision a été adoptée à l’unanimité le 11 juillet. Certains élus, comme Francis Szpiner, membre du parti Les Républicains, ont exprimé leurs réserves en affirmant que le débaptiser serait « absurde » et que cela ne résoudrait rien. Cette position reflète une inquiétude croissante concernant le révisionnisme historique et la façon dont la mémoire collective peut être altérée par de telles décisions.

L’inauguration de l’avenue Hubert Germain marque ainsi un tournant significatif dans la manière dont la ville de Paris souhaite se souvenir de son histoire. Depuis 2001, ce changement de nom représente le cinquième cas d’une rue débaptisée dans la capitale. Ces opérations, considérées par la mairie comme « des cas exceptionnels », visent à établir un dialogue sur le passé colonial français, tout en reconnaissant le besoin de mémoire et de justice pour les victimes de ce passé.

La ville a également prévu de conserver les plaques de l’avenue Bugeaud au musée Carnavalet, dédié à l’histoire de Paris. Cela témoigne d’une volonté de garder une trace de l’histoire, même si certaines figures sont désormais perçues de manière critique. La coexistence de ces mémoires contradictoires soulève des questions importantes sur la manière dont la France aborde son histoire coloniale et son impact sur les sociétés contemporaines.

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À travers ce geste symbolique, Paris affirme sa volonté de se réapproprier son espace public en faveur d’une mémoire qui favorise l’inclusion et le respect des valeurs universelles. L’inauguration de l’avenue Hubert Germain ne se contente pas de changer un nom ; elle propose une réflexion plus large sur les valeurs que la ville souhaite incarner et transmettre aux générations futures.