« Si Retailleau bannit Air Algérie, Air France peut dire adieu à l’Afrique »

Air Algérie grève Air France

« Si Retailleau bannit Air Algérie, Air France peut dire adieu à l’Afrique », telle est l’affirmation d’un expert en aviation à la rédaction de DNAlgérie.

Le ministre de l’Intérieur français, Bruno Retailleau, veut punir l’Algérie et envisage de bannir Air Algérie des cieux français. Une décision qui, si elle venait à être appliquée, pourrait provoquer un effet boomerang aux conséquences économiques désastreuses pour la France, et plus particulièrement pour sa compagnie nationale, Air France. L’Algérie, par mesure de rétorsion, pourrait interdire à Air France d’accéder à son espace aérien, et c’est toute la stratégie africaine de la compagnie française qui s’effondrerait.

« Air France dessert un nombre considérable de pays africains, et ses vols les plus lucratifs traversent l’espace aérien algérien. Privée de ce passage, la compagnie serait contrainte à des détours coûteux et chronophages. Pour desservir des destinations comme le Kenya, l’Afrique du Sud ou encore la Côte d’Ivoire, Air France utilise le ciel algérien comme un couloir naturel, optimisant ainsi ses itinéraires pour réduire les temps de vol et limiter la consommation de carburant. Une interdiction signifierait des détours par d’autres routes aériennes, allongeant les trajets et renchérissant leurs coûts. », explique ledit expert.

Dans un contexte où Air France peine déjà à maintenir son équilibre financier, une telle contrainte pourrait aggraver ses difficultés économiques. La compagnie a récemment bénéficié de soutiens étatiques pour compenser les pertes subies durant la crise sanitaire. Un nouveau coup dur pourrait affaiblir davantage sa position sur le marché, au profit de concurrents tels que Turkish Airlines ou Qatar Airways, qui se feraient un plaisir de récupérer la clientèle africaine délaissée par Air France.

D’un point de vue diplomatique, la France risquerait aussi d’envenimer ses relations avec l’Algérie et, par extension, avec d’autres pays africains. L’Algérie demeure un acteur central dans les relations entre la France et l’Afrique. Une décision perçue comme hostile par Alger pourrait entraîner des conséquences en chaîne, notamment en incitant d’autres pays africains à revoir leur coopération avec la France en matière de transport aérien et d’accords commerciaux.

Le marché africain est un enjeu stratégique pour Air France, qui y réalise une part significative de ses revenus. Nombre de passagers africains en transit vers l’Europe ou l’Amérique du Nord choisissent la compagnie française pour ses correspondances. Une interdiction d’Air France dans l’espace aérien algérien ne ferait qu’encourager ces voyageurs à privilégier d’autres compagnies.

Au-delà des conséquences directes sur Air France, l’interdiction de survol de l’Algérie pour les compagnies françaises pourrait aussi affecter le fret aérien. Les échanges commerciaux entre la France et l’Afrique dépendent en partie du transport aérien, et une modification des itinéraires aurait un impact sur les délais et les coûts d’acheminement des marchandises.

Ainsi, la menace brandie par Bruno Retailleau pourrait bien se retourner contre la France elle-même. En cherchant à punir Air Algérie, il pourrait affaiblir Air France, déjà fragilisée et compromettre les intérêts économiques du pays en Afrique. Si cette mesure venait à être appliquée, Air France pourrait voir s’envoler ses espoirs sur le continent africain, laissant la place à des concurrents qui, eux, n’attendent que l’occasion de se positionner.

Air France : voici ce qu’a déclaré Retailleau au sujet d’Air Algérie

Bruno Retailleau hausse le ton contre l’Algérie et ne s’interdit aucune mesure. Lundi 3 mars, invité sur BFMTV-RMC, le ministre de l’Intérieur a évoqué de possibles sanctions à l’encontre de la compagnie aérienne Air Algérie. En toile de fond, un différend grandissant entre Paris et Alger autour des expulsions d’Algériens en situation irrégulière.

« Je ne m’interdis rien. On peut vérifier les conditions dans lesquelles les commandants de bord respectent notre droit et les formalités administratives », a affirmé Bruno Retailleau, insinuant que la France pourrait examiner de plus près les pratiques d’Air Algérie. Une manière de répondre aux exigences nouvelles imposées par Alger en matière d’expulsion.

Selon une note interne datant de mi-février, Air Algérie aurait récemment renforcé ses conditions pour accepter les passagers en situation d’éloignement, exigeant désormais des laissez-passer consulaires même pour des individus disposant d’une pièce d’identité en règle. Cette disposition serait contraire aux accords bilatéraux existants entre les deux pays, ce que dénonce le ministère de l’Intérieur français.

Face à ce qu’il perçoit comme une entrave, Bruno Retailleau ne compte pas rester inactif. La note envoyée à ses services stipule que toute opposition d’Air Algérie à une expulsion devra faire l’objet d’un écrit formel de la part du chef d’escale de la compagnie. En cas de refus de fournir un tel document, les autorités françaises sont invitées à relever l’identité du responsable concerné. Une manière d’exercer une pression accrue sur la compagnie nationale algérienne.

Cette situation s’inscrit dans un climat de tensions croissantes entre la France et l’Algérie sur la question migratoire. Bruno Retailleau a déjà pris des mesures contre certains dignitaires algériens, limitant leur accès au territoire français. Désormais, il envisage une « riposte graduée », ce qui pourrait signifier une intensification des restrictions, y compris dans le domaine aérien.

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