Actualités – Un artiste kabyle, des individus se faisant passer pour des avocats, ainsi que des employés de préfecture sont actuellement sous le feu des projecteurs en raison de graves allégations liées à l’obtention frauduleuse de titres de séjour en France.
Le tribunal correctionnel de Bobigny a ouvert ses portes le mercredi 27 septembre pour juger un vaste réseau impliqué dans la régularisation de sans-papiers, principalement des ressortissants algériens, moyennant des paiements substantiels. Ce réseau proposait une gamme de services allant de l’obtention de visas et de titres de séjour à l’acquisition de la nationalité française et de permis de conduire.
L’individu principal accusé d’être le cerveau derrière ce réseau n’est autre que le chanteur kabyle Kamel Tighri, comme l’a rapporté » Le Parisien « . Il était à la tête d’un réseau complexe comprenant des intermédiaires, de faux avocats et même des inspecteurs du permis de conduire.
De plus, des employés des préfectures de Créteil et de Bobigny se retrouvent également impliqués dans cette affaire. Profitant de la vulnérabilité et de la détresse des Algériens sans-papiers, les accusés ont tissé une toile complexe pour délivrer divers documents officiels en échange de sommes considérables.
Lors de l’audience, des détails choquants ont été révélés. Les employés du bureau des étrangers de la préfecture de Créteil ont admis que les individus en situation irrégulière étaient une source lucrative. Cette tendance semblait se retrouver dans toutes les parties du réseau.
Mercredi, une dizaine d’accusés ont été jugés, parmi lesquels Kamel Tighri, âgé de 61 ans, qui a fermement nié toutes les accusations portées contre lui. Cependant, la juge l’a présenté comme le pivot central d’un réseau composé de recruteurs, de prétendus experts juridiques et d’employés de préfecture travaillant à la régularisation de personnes en situation irrégulière.
Selon la magistrate, près de trente individus auraient pu comparaître ce jour-là. Cependant, les examinateurs du permis de conduire et les directeurs d’auto-écoles impliqués ne se sont pas présentés. Du côté des victimes, le tribunal estime qu’entre 100 et 150 personnes ont fait appel à Tighri et à ses complices.
Dans les détails révélés par le tribunal, il a été mis en lumière que le coût d’un rendez-vous aux préfectures de Bobigny ou de Créteil oscillait entre 700 et 1 000 €. Les difficultés liées à l’obtention de ces rendez-vous ont permis au réseau de générer d’importantes sommes d’argent entre janvier 2019 et mai 2020. Quant à un rendez-vous en personne accompagné de l’obtention d’un titre de séjour, le tarif pouvait grimper jusqu’à 8 000 €. Certains candidats, notamment des Algériens sans-papiers, ont versé jusqu’à 35 000 € pour l’acquisition de la nationalité française grâce à ce réseau.
Ces chiffres ont été découverts grâce aux enregistrements téléphoniques de Kamel Tighri avec ses victimes. « 650 € pour l’inscription, avec obtention du permis », leur promettait-il. Devant la juge, il a affirmé qu’il ne prenait que 50 € pour aider les candidats à obtenir une place dans une auto-école de Bagnolet.
Pour sa défense, l’artiste kabyle a prétendu qu’il jouait simplement le rôle d’un « intermédiaire » cherchant à « aider des personnes et des amis en leur obtenant un rendez-vous pour l’obtention de titres de séjour. « Je rendais service à des personnes ne parlant pas français », a-t-il plaidé.
Trois employés de l’État ont été renvoyés pour corruption auprès des préfectures concernées. C’est notamment le cas de Tahar L., 57 ans, adjoint au chef de service du bureau des étrangers à la préfecture de Créteil, suspendu de ses fonctions en 2022. Il a admis avoir reçu « 10 650 € pour trois dossiers ». Les candidats ont été reçus sans rendez-vous et ont obtenu des titres de séjour avec de faux documents. Il collaborait étroitement avec un faux avocat qui lui envoyait des clients, mais également avec sa fille, qui était contractuelle dans les sous-préfectures de Saint-Denis, puis de Raincy.
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