L’importation de véhicules d’occasion de moins de 3 ans, bien que réintroduite par la loi de finances 2023 en Algérie, est devenue un véritable casse-tête pour les particuliers. Si cette mesure était initialement perçue comme une opportunité de moderniser le parc automobile national, elle est désormais freinée par des restrictions financières et réglementaires qui compliquent son application.
Selon les dispositions de la loi, les véhicules de moins de 3 ans peuvent être importés légalement par des particuliers, à condition que leur paiement soit effectué en devises propres. Cependant, un récent règlement de la Banque d’Algérie est venu réduire considérablement les marges de manœuvre des importateurs. Désormais, le montant des devises autorisé à sortir du territoire est plafonné à 7 500 euros par année civile, contre 7 500 euros par voyage auparavant. Cette mesure vise à lutter contre le transfert illégal de fonds et le blanchiment d’argent, mais elle pénalise involontairement les citoyens souhaitant acheter un véhicule à l’étranger.
Pour comprendre l’impact de cette limitation, il suffit de comparer ce montant aux prix des véhicules en Europe. Par exemple, en France, le coût moyen d’un véhicule de moins de trois ans, en bon état, se situe autour de 10 000 euros. Ce décalage entre le plafond autorisé et le coût réel des véhicules place les importateurs algériens dans une impasse. Sans un accès suffisant aux devises, la majorité des acheteurs potentiels sont contraints de se tourner vers le marché parallèle, où les taux de change sont nettement plus élevés que les taux officiels.
Au marché noir, l’euro s’échange actuellement à 260 dinars et le dollar à 250 dinars, atteignant des niveaux records. Cette flambée des devises alourdit encore davantage le coût final des véhicules pour les importateurs algériens. À cela s’ajoute une problématique liée à la disponibilité des devises dans les circuits bancaires officiels, insuffisante pour répondre aux besoins croissants.
Par ailleurs, une autre difficulté vient compliquer davantage la situation. Dans le projet initial de loi de finances pour 2025, les véhicules importés devaient être « incessibles » pendant une période de trois ans. Bien que cette disposition ait été amendée par la commission des finances du Parlement pour permettre une vente après 12 mois moyennant le remboursement intégral des avantages fiscaux, ou après 24 mois avec restitution de 66 % des avantages fiscaux, ces contraintes limitent la flexibilité des acheteurs.
Le gouvernement a récemment tenté d’apporter un soulagement en augmentant l’allocation touristique, désormais fixée à 750 euros par an, contre seulement 100 euros auparavant. Bien que cette mesure soit salutaire pour les touristes, étudiants ou malades, elle est loin d’être suffisante pour les importateurs de véhicules. Cette allocation reste dérisoire face aux montants nécessaires pour couvrir les frais liés à l’acquisition d’un véhicule en Europe.
Face à cette situation, certains experts craignent un déplacement du marché parallèle des devises vers l’étranger. Djilali Soufiane, président de Jil Jadid, a souligné que cette restriction pourrait encourager les particuliers à se procurer directement des devises à l’extérieur du pays, détournant ainsi les flux financiers des banques algériennes. Ce phénomène, déjà en émergence, risque de fragiliser davantage l’économie nationale.
Pour de nombreux Algériens, l’importation de véhicules d’occasion représente une alternative à un marché local où les prix des voitures neuves restent prohibitifs. Cependant, les restrictions actuelles sur l’exportation des devises et les contraintes fiscales rendent cet objectif de plus en plus inaccessible. En conséquence, l’importation de véhicules de moins de trois ans, qui aurait pu être un levier économique et social, devient un parcours semé d’embûches.
Dans ce contexte, les autorités sont appelées à revoir les dispositifs en place pour concilier leurs objectifs de lutte contre les pratiques illicites avec les besoins réels des citoyens. Une approche équilibrée, impliquant des mécanismes de change plus souples et une réglementation adaptée, pourrait permettre à cette mesure de retrouver sa pertinence et de répondre aux attentes des Algériens.
Lire également :
Un commandant de bord en pleurs : Air Algérie lui rend un vibrant hommage (Vidéo)
Prières à bord du vol Air Algérie ayant frolé le pire : les passagers tournés en dérision (Vidéo)