Dans un climat marqué par la flambée des prix sur le marché automobile et la montée inquiétante des pratiques spéculatives sur les voitures neuves en Algérie, le gouvernement algérien décide de frapper fort. Ce mercredi, une réunion d’envergure s’est tenue au siège du ministère de l’Industrie, sous la présidence du ministre Sifi Ghrib, en présence de représentants de plusieurs secteurs stratégiques de l’État. L’objectif de cette rencontre était clair : poser les dernières pierres à l’édifice d’un outil numérique inédit, conçu pour surveiller, contrôler et réguler les ventes de véhicules fabriqués en Algérie. Une réponse directe à la crise de transparence qui gangrène le secteur automobile national depuis plusieurs mois.
La salle de réunion a vu défiler les acteurs les plus concernés par ce chantier ambitieux relatif aux voitures neuves en Algérie : les ministères de l’Intérieur, de la Justice, du Commerce, ainsi que le commandement de la Gendarmerie nationale. Cette synergie institutionnelle traduit la gravité de la situation et la volonté commune d’éradiquer les dérives commerciales observées récemment. Parmi elles, les spéculations effrénées autour du véhicule « Doblo Panorama » de la marque Fiat, devenu malgré lui un symbole de la surchauffe du marché. Le 7 avril 2025, une première réunion avait déjà été organisée pour envisager des solutions fermes. Cette fois-ci, il s’agissait d’en valider l’un des instruments les plus concrets : une plateforme numérique nationale, destinée à surveiller les opérations de vente des véhicules neufs, dès leur sortie d’usine.
Le ministère de l’Industrie a confirmé dans un communiqué que cette plateforme serait déployée très prochainement, avec pour fonction principale de tracer le parcours de chaque véhicule mis sur le marché. Le système permettra de détecter les transactions douteuses, les tentatives de contournement des circuits officiels et les manipulations de prix opérées par certains intermédiaires. Ce dispositif vise notamment les réseaux qui récupèrent des véhicules à des fins de revente immédiate à des prix gonflés, hors de tout cadre réglementaire. Une pratique qui empêche les véritables consommateurs d’accéder à un bien de première nécessité, et qui alimente un marché parallèle opaque.
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En lançant cette plateforme, l’État algérien ne cherche pas uniquement à sévir contre les spéculateurs. Il s’agit aussi de rétablir une relation de confiance entre les citoyens et les institutions. C’est dans cette optique que Sifi Ghrib a insisté, lors de son intervention, sur la nécessité de garantir l’équité d’accès aux véhicules produits localement. Il a affirmé que toutes les structures de l’État seront mobilisées pour assurer le bon fonctionnement de la plateforme, et que chaque transaction sera potentiellement soumise à un contrôle rigoureux. « Il n’est plus question que des groupes de pression organisés profitent de la demande des citoyens pour imposer leurs propres lois sur le marché », a-t-il martelé.
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Le timing de cette initiative n’est pas anodin. Depuis la reprise progressive de l’industrie automobile algérienne, notamment avec la montée en cadence de certains constructeurs comme Fiat, la demande explose. Or, cette reprise a aussi ouvert la voie à des pratiques de détournement, où les véhicules disparaissent aussitôt livrés pour réapparaître, sur le marché, à des prix nettement supérieurs. La plateforme, une fois mise en service, permettra d’apporter une réponse concrète à ces dérives, en imposant de la transparence dans chaque maillon de la chaîne commerciale.
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Enfin, cette opération numérique s’inscrit dans un chantier plus large de modernisation de la gouvernance économique. À travers cet outil, l’Algérie entend montrer qu’elle est capable de conjuguer relance industrielle et encadrement strict du marché des voitures neuves, sans laisser place à l’anarchie. Les jours à venir seront donc décisifs pour la mise en œuvre de cette plateforme, dont les citoyens, lassés des pratiques spéculatives, attendent désormais beaucoup. Le gouvernement, de son côté, semble bien déterminé à reprendre le contrôle total sur le secteur automobile, pour que le slogan de la voiture pour tous ne reste pas un simple vœu pieux.