Algérie : exonération totale pour les retraités ? Le verdict est tombé

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Dans un climat où les attentes sociales ne cessent de grandir, la question de l’exonération fiscale en faveur des retraités suscite régulièrement débats et espoirs en Algérie. Hier à Alger, le ministre des Finances, Abdelkrim Bouzred, a mis fin aux spéculations en clarifiant la position de l’État : l’exonération totale de l’impôt sur le revenu pour l’ensemble des retraités ne figure pas à l’ordre du jour, une décision justifiée par des considérations d’équité et de cohérence budgétaire.

Lors d’une séance plénière consacrée aux questions orales à l’Assemblée populaire nationale, le ministre a exposé les grands axes de la vision prospective de son département. L’objectif est clair : permettre aux citoyens d’interagir avec l’administration fiscale à distance, en toute autonomie. Cette transformation numérique, actuellement en cours, devrait être finalisée d’ici un à deux ans. Elle constitue l’un des piliers de la modernisation du secteur, qui vise non seulement à simplifier les démarches fiscales, mais aussi à améliorer l’efficacité du recouvrement et la transparence du système.

En parallèle, la question de l’accessibilité physique aux services fiscaux n’a pas été éludée. Interrogé sur le manque de centres fiscaux de proximité, Abdelkrim Bouzred a admis qu’il s’agissait d’un “problème conjoncturel”. Il a néanmoins assuré que des efforts sont en cours pour en renforcer la présence, tout en envisageant la fusion des centres locaux et wilayaux. L’objectif est de fluidifier le traitement des dossiers et de réduire les délais qui pèsent sur les citoyens, en particulier ceux vivant dans les zones peu desservies.

Mais c’est sur le terrain sensible des pensions de retraite que les propos du ministre étaient particulièrement attendus. Face aux demandes croissantes d’une exonération fiscale généralisée pour les retraités en Algérie, Abdelkrim Bouzred a tenu à rappeler que des mesures ciblées existent déjà. Ainsi, les retraités dont la pension ne dépasse pas 30 000 dinars bénéficient d’une exonération totale de l’impôt sur le revenu. Ceux percevant jusqu’à 42 000 dinars profitent quant à eux d’un taux fortement réduit. Ces décisions témoignent, selon lui, de la volonté de l’État de protéger les franges les plus vulnérables de la population sans déséquilibrer les finances publiques.

Cependant, le ministre a rejeté catégoriquement l’idée d’une exonération généralisée pour tous les retraités en Algérie, indépendamment de leurs revenus. Une telle démarche, a-t-il argumenté, irait à l’encontre du principe fondamental d’égalité entre citoyens. Elle risquerait aussi de porter préjudice à l’équilibre budgétaire de l’État, à un moment où celui-ci mobilise déjà d’importantes ressources pour soutenir le pouvoir d’achat et contenir l’inflation.

Abdelkrim Bouzred a souligné que le gouvernement reste attentif à l’évolution du contexte économique et social. Des efforts constants sont déployés pour préserver la stabilité des prix et améliorer les conditions de vie des retraités. Ces engagements ne se traduiront pas nécessairement par une suppression massive de l’impôt, mais plutôt par une approche ciblée, rationnelle et juste.

Enfin, en réponse à une autre question parlementaire, le ministre a abordé les problématiques liées à l’infrastructure routière, notamment la nécessité d’élargir certaines routes accidentogènes. Il a indiqué que ses services sont disposés à prendre en charge les travaux qui permettent de résoudre rapidement ces points noirs, à condition que les projets ne nécessitent pas de financements trop lourds. Pour cela, un groupe de travail conjoint a été mis en place il y a deux jours entre le ministère des Finances et celui des Travaux publics. Cette équipe aura pour mission d’examiner les priorités et d’identifier les solutions réalisables à court terme.

Ainsi, le gouvernement trace une ligne de conduite fondée sur la rigueur et la progressivité. Si les retraités continuent de bénéficier d’un traitement fiscal privilégié selon leur niveau de pension, l’État ne franchira pas le pas d’une exonération totale, préférant maintenir une logique d’équilibre, à la fois social et budgétaire.