Algériens de France : Retailleau met fin à une mesure en place depuis 16 ans

Bruno Retailleau Algérie France Algériens refoulement

En France, une décision administrative majeure prise par Retailleau vient bouleverser le quotidien de nombreux sans-papiers algériens, particulièrement ceux résidant dans le département de l’Isère. Le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, met fin à un dispositif qui était en vigueur depuis seize ans. Cette mesure permettait aux sans-papiers algériens en France, via la CGT des travailleurs sans-papiers, de déposer collectivement leurs dossiers de régularisation et de maintenir un dialogue structuré avec les services de la préfecture. Une rupture officielle de ces accords a été annoncée, suscitant l’inquiétude au sein de la communauté concernée.

La CGT des travailleurs sans-papiers affirme dans un récent communiqué avoir été informée de cette décision par le secrétaire général de la préfecture de l’Isère, au cours du mois d’avril dernier. Depuis seize ans, cette organisation jouait un rôle d’intermédiaire dans les procédures de régularisation, en facilitant la communication entre l’administration française et les sans-papiers algériens installés en France. En supprimant cette collaboration, Retailleau impose désormais que toutes les demandes soient effectuées de manière individuelle au guichet unique de la préfecture de Grenoble. Cette mesure ne tient pas compte du lieu de résidence des demandeurs, même s’ils vivent loin de la préfecture, comme à Vienne ou à La-Tour-du-Pin.

Les conséquences de cette décision sont immédiates pour les sans-papiers algériens vivant en France. La disparition de l’accompagnement collectif complexifie considérablement l’accès aux démarches administratives. Déplacements plus longs, temps d’attente allongés et incompréhensions rendent ces procédures encore plus inaccessibles à ceux qui en ont le plus besoin. La CGT insiste sur l’impact humain de cette mesure, expliquant que le droit qui régit le séjour des étrangers en France est d’une complexité extrême et ne peut être appliqué efficacement sans prise en compte des réalités sociales.

Cette modification administrative s’inscrit dans le cadre de la circulaire Retailleau, un texte critiqué par de nombreuses organisations syndicales et associatives. La CGT accuse Retailleau de chercher à faire du chiffre au détriment des sans-papiers algériens présents en France. Selon elle, la circulaire Retailleau durcit les critères d’accès à un titre de séjour et remet en cause les principes de justice sociale. Pour les Algériens concernés, cela signifie non seulement un accès réduit aux droits, mais aussi une augmentation de leur précarité et une exposition accrue à l’exploitation.

Ce 10 mai, une manifestation est organisée à Grenoble, à l’appel de la CGT des travailleurs sans-papiers, pour dénoncer cette réforme. Le lieu de rassemblement, rue Félix-Poulat, sera le théâtre d’un mouvement qui entend défendre non seulement les droits des sans-papiers algériens mais aussi ceux de tous les travailleurs vulnérables en France. Pour les organisateurs, la circulaire Retailleau représente une menace directe à la dignité des personnes et un recul historique dans la protection des droits humains.

La CGT prévient que les effets de la circulaire Retailleau ne se limiteront pas à l’Isère. Les sans-papiers algériens dans toute la France pourraient être confrontés aux mêmes obstacles administratifs, alors même que leur participation à l’économie nationale reste essentielle. Les secteurs comme le BTP, l’hôtellerie-restauration ou encore l’aide à la personne, qui s’appuient sur la main-d’œuvre de travailleurs sans-papiers algériens en France, risquent également de subir les conséquences de cette restriction.

En France, les Algériens sans papiers sont nombreux à vivre, travailler et contribuer activement à la société, souvent dans l’ombre. La décision de Retailleau de mettre fin à une mesure symbolique vieille de seize ans change la donne pour des milliers d’entre eux. Désormais privés d’un cadre collectif de régularisation, ils devront affronter seuls une administration jugée de plus en plus rigide, avec tous les risques que cela comporte. La question reste entière : jusqu’où ira cette politique de fermeture, et quel sera son impact réel sur le terrain pour les sans-papiers algériens vivant en France ?