Actualité politique – Benjamin Stora a rompu le silence pour répondre à la polémique suscitée par son récent rapport sur le dossier de mémoire. L’historien français fait en effet l’objet de vives critiques depuis quelques jours, tant en Algérie qu’en France.
Le rapport de Benjamin Stora sur la question mémorielle, que l’historien a remis mercredi dernier à la présidence française, a en effet suscité de vives critiques des deux côtés de la Méditerranée. En France, plusieurs personnalités de la droite politique ont ainsi accusé l’historien d’avoir manqué d’objectivité lors de l’élaboration de son rapport, lui reprochant notamment ses recommandations vis-à-vis de la question des Harkis. Ces derniers ont, d’ailleurs, estimé que Benjamin Stora avait fait preuve de « minimalisme » à leur égard.
Dans son rapport, l’historien français avait en effet proposé de faciliter les déplacements des Harkis et de leurs enfants entre la France et l’Algérie. Le Comité national de liaison des Harkis a déclaré, dans un communiqué rendu public samedi, que ce que l’historien avait proposé « existe depuis longtemps ». « Ce qui compte vraiment c’est que la France reconnaisse définitivement le mal qu’elle a fait. En cachant cette partie de l’Histoire, elle fausse l’Histoire », avait déclaré la même organisation.
Les critiques contre le travail de Benjamin Stora ont également été vives en Algérie. L’ancien ministre Abdelaziz Rahabi a ainsi estimé que l’historien français avait « ignoré la principale demande des algériens », à savoir « la reconnaissance par la France des crimes commis par la colonisation ».
Benjamin Stora répond à la polémique
Après plusieurs jours de silence, Benjamin Stora s’est enfin exprimé sur les vives critiques dont il a fait l’objet. « J’ai simplement proposé dans mon rapport une méthode qui est la mienne depuis longtemps : connaître les motivations, la trajectoire de tous les groupes de mémoire frappés par cette guerre dévastatrice, patiemment, pour faire reculer les préjugés et le racisme », a expliqué l’historien dans une tribune parue hier lundi dans Le Quotidien d’Oran. Concernant la nécessité pour la France de présenter des excuses officielles à l’Algérie pour ses 132 ans de colonisation, Benjamin Stora estime que « Les discours d’excuses ne doivent pas être des mots prononcés un jour pour se débarrasser le lendemain d’un problème si profond ».
« Mon rapport propose (…) une méthode qui privilégie l’éducation, la culture, par la connaissance de l’autre, et de tous les groupes engagés dans l’histoire algérienne », a-t-il également affirmé.
Pourquoi les autorités algériennes n’ont-elles pas réagi au rapport de l’historien français ?
De son côté, Abdelmadjid Chikhi, qui est chargé du travail sur la question mémorielle du côté algérien, a refusé de commenter le travail de son homologue français. « Je ne peux pas commenter un rapport que je n’ai pas encore reçu officiellement, nous ne pouvons pas réagir sur la base de ce qui a été rapporté par la presse. les relations entre États ne sont pas gérées comme ça », a-t-il affirmé. « Nous réagirons lorsque nous recevrons le rapport de manière officielle. », a-t-il fait savoir.
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