L’Algérie lance un Master en « contrôle et brouillage des drones »

Algérie drone armé

L’Algérie franchit une nouvelle étape dans le domaine des hautes technologies et de la formation scientifique. Ce mardi, à l’Université des sciences et de la technologie Houari-Boumediene de Bab Ezzouar, le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Kamel Baddari, a donné le coup d’envoi officiel d’un tout nouveau programme universitaire : un Master dédié au contrôle et au brouillage des drones. Ce projet, fruit d’une collaboration étroite entre l’université et l’École nationale supérieure des systèmes autonomes, marque une avancée majeure dans la spécialisation technologique du pays.

Selon les précisions du ministère, ce Master a été conçu pour répondre à un besoin stratégique : former une nouvelle génération d’ingénieurs capables de comprendre, manipuler et sécuriser les systèmes de drones. En Algérie, où les drones connaissent une croissance rapide dans les secteurs civil, industriel et militaire, cette formation vient renforcer l’autonomie scientifique et technique du pays. L’objectif est clair : doter l’Algérie d’experts maîtrisant à la fois la conception, la détection et le brouillage des drones, dans une optique de défense et de recherche appliquée.

Le programme met l’accent sur plusieurs domaines complémentaires : l’intelligence artificielle, l’électronique avancée, les systèmes embarqués et les communications sans fil. Les étudiants apprendront à développer des algorithmes capables d’identifier et de neutraliser des signaux de commande de drones, tout en perfectionnant leurs connaissances sur la robotique aérienne. L’idée est de permettre à l’Algérie de ne pas dépendre de technologies importées, mais au contraire de devenir un acteur régional dans la conception et le contrôle de ces appareils autonomes.

Cette initiative, inédite dans le paysage académique algérien, illustre aussi la volonté du ministère de rapprocher le monde universitaire du tissu industriel. Le ministre Kamel Baddari a souligné, lors de la cérémonie, que la formation universitaire devait désormais s’inscrire dans une logique de développement national. Ainsi, les étudiants inscrits dans ce Master ne se contenteront pas d’acquérir un savoir théorique : ils bénéficieront d’une insertion directe dans le monde du travail. En effet, les 31 étudiants retenus pour la première promotion ont été sélectionnés à l’issue d’un concours national particulièrement exigeant, et chacun d’eux a déjà signé un contrat d’embauche avec le Centre de recherche en technologies industrielles.

Cela signifie que dès la fin de leur cursus, ces jeunes diplômés rejoindront directement le secteur de la recherche appliquée, contribuant ainsi à renforcer les capacités nationales en matière d’innovation et de sécurité technologique. Pour le ministère, cette approche représente un modèle à suivre : former, insérer et valoriser les compétences locales dans des domaines à fort potentiel.

Le lancement de ce Master en contrôle et brouillage des drones en Algérie s’inscrit également dans un contexte international où la maîtrise des drones est devenue un enjeu majeur. Partout dans le monde, les universités et centres de recherche s’investissent dans le développement de technologies capables non seulement de piloter ces engins, mais aussi d’en assurer la neutralisation en cas de menace. L’Algérie, par cette initiative, rejoint ce cercle restreint de pays qui investissent dans la formation d’experts capables d’allier la théorie scientifique à l’application sécuritaire et industrielle.

Le choix de l’Université Houari-Boumediene pour abriter ce Master n’est pas anodin. Elle représente le plus grand pôle scientifique du pays, dotée d’infrastructures modernes et d’une expertise reconnue dans les domaines de l’ingénierie et de la recherche technologique. Son partenariat avec l’École nationale supérieure des systèmes autonomes permettra d’offrir un encadrement de haut niveau, mêlant cours magistraux, travaux pratiques et simulations réelles de contrôle de drones.

Les étudiants inscrits dans ce programme bénéficieront aussi d’un accompagnement scientifique continu, avec la possibilité de poursuivre leurs travaux au sein de laboratoires nationaux ou en partenariat avec des institutions internationales. L’objectif à moyen terme est de constituer un véritable réseau d’expertise nationale autour de la technologie des drones en Algérie, couvrant aussi bien les aspects de développement que ceux de la défense et de la cybersécurité.