Le 6 octobre 2024, le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a donné des instructions pour augmenter de manière significative l’allocation touristique, afin de permettre aux citoyens algériens voyageant à l’étranger d’en bénéficier une fois par an. Cette annonce fait suite à une ancienne réglementation en vigueur depuis 1997, fixée par la Banque d’Algérie, qui limite l’allocation touristique à l’équivalent de 15 000 DZD par an, soit environ 100 euros. Un montant qui, selon beaucoup, est devenu obsolète face à l’évolution du coût de la vie et des besoins des touristes algériens.
Dans ce contexte, le fondateur du cabinet Finabi Conseil, Chabane Assad, a publié une analyse approfondie sur LinkedIn, abordant les enjeux liés à cette allocation et proposant des pistes de réforme. Selon lui, l’augmentation de l’allocation est non seulement nécessaire, mais pourrait également contribuer à lutter contre le marché informel des devises, qui favorise le blanchiment d’argent, l’évasion fiscale et la spéculation. Assad souligne que l’actuelle allocation est insuffisante pour permettre aux Algériens de passer des séjours à l’étranger de manière décente.
Les chiffres sont parlants : en 2023, les flux touristiques sortants ont atteint environ 5,8 millions de personnes, dont près de 1,9 million ont visité la Tunisie entre janvier et août 2024. Avec une allocation touristique d’à peine 100 euros par personne, ces touristes se tournent souvent vers le marché parallèle pour financer leurs séjours, un phénomène considéré illégal en Algérie. Selon Assad, cette situation doit changer.
Le montant proposé par Chabane Assad pour cette réforme est de 700 euros par personne et par an, un chiffre qu’il juge adéquat pour répondre aux besoins réels des familles algériennes qui voyagent. Il souligne que ce montant permettrait à une famille de quatre personnes (deux parents et deux enfants) de disposer d’environ 2 050 euros, un montant suffisant pour passer une semaine de vacances en Tunisie sans avoir à recourir au marché informel. En comparaison, d’autres pays de la région, comme la Tunisie et la Libye, ont des allocations touristiques bien plus élevées, atteignant respectivement 1 800 euros et 10 000 dollars par an.
Assad avertit cependant que cette augmentation doit être réalisée avec précaution. Si le montant est trop élevé, cela pourrait encourager certains ménages à utiliser cette allocation comme une forme d’épargne alternative, ce qui pourrait nuire aux ressources des banques locales. Un équilibre est donc nécessaire pour éviter de perturber l’économie.
En ce qui concerne le financement de cette réforme, qui nécessiterait environ 3 milliards d’euros par an, Assad propose deux mécanismes. Le premier consiste à utiliser les flux financiers transférés par la diaspora, qui ont atteint 1,87 milliard de dollars en 2023. Selon lui, ces fonds ne devraient pas être intégrés aux réserves de change, mais plutôt directement affectés à la satisfaction des besoins en devises des touristes algériens. Le second mécanisme repose sur la lutte contre le marché informel des devises. Pour ce faire, Assad recommande de criminaliser les transactions illégales et de renforcer le rôle des bureaux de change agréés, qui devraient recueillir les flux physiques de devises provenant de la diaspora et des non-résidents.
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Cette proposition, bien que complexe, pourrait apporter une solution durable à un problème qui perdure depuis des années. En permettant aux Algériens de voyager plus sereinement tout en limitant les effets néfastes du marché noir des devises, l’augmentation de l’allocation touristique serait non seulement bénéfique pour les citoyens, mais également pour l’économie nationale. Reste à voir si cette réforme sera adoptée et mise en œuvre dans les mois à venir.