Moins de ressources financières signifient moins de logements disponibles. Les bailleurs sociaux se trouvent actuellement dans une situation délicate en raison de leurs obligations de rénovation et de leur dette croissante. Cette situation devrait se traduire par une réduction significative du nombre de logements sociaux construits au cours des prochaines décennies, d’après les projections de l’étude de la Banque des territoires. Depuis 2020, la construction de logements HLM est passée sous la barre des 100 000 unités par an, et elle devrait continuer à ralentir pour atteindre une moyenne de 66 000 nouveaux logements annuels à partir de 2030, selon les prévisions.

L’étude, qui envisage les perspectives jusqu’en 2061, se base sur l’hypothèse d’une inflation et d’un taux du Livret A moyen de 2 % à partir de 2027. Elle suppose également que le comportement des bailleurs et les politiques publiques restent inchangés. Selon cette étude, les bailleurs sociaux ne pourront pas se permettre de rénover et de construire en même temps. En raison de l’interdiction progressive de louer les logements les moins énergétiquement efficaces, la rénovation prendra le dessus.

Les rénovations atteindront un pic de 125 000 logements par an en 2025 et 2026, puis diminueront pour atteindre 90 000 par an sur la période de 2031 à 2061. L’inflation et la forte hausse des taux d’intérêt, qui touchent actuellement les bailleurs sociaux sans être compensées par une augmentation des loyers, affaiblissent leur capacité d’investissement à long terme, selon la Banque des territoires. Les bailleurs sociaux sont en grande partie financés par l’épargne, notamment par le biais du Livret A. Lorsque les taux d’intérêt augmentent, leur dette s’alourdit, d’autant plus qu’elle est à taux variable.

Kosta Kastrinidis, directeur des prêts de la Banque des territoires, a expliqué que « si l’on veut prioriser la rénovation du parc, mécaniquement, il faudra réduire la construction de logements ». Construire seulement 66 000 logements par an est jugé insuffisant compte tenu des besoins, notamment parce que le nombre de ménages en attente d’un logement social atteint un niveau record, s’élevant à 2,42 millions à la fin de 2022 selon l’Union sociale pour l’habitat (USH).