Louis Aliot, maire de Perpignan sous l’étiquette du Rassemblement National (RN), s’est retrouvé au cœur d’une polémique après sa décision unilatérale de mettre fin au jumelage entre sa ville et Mostaganem, en Algérie. Cette annonce a immédiatement déclenché des réactions vives, notamment du côté algérien, où les autorités locales n’ont pas tardé à réagir pour dénoncer cette rupture qu’elles jugent inappropriée et infondée.
Le jumelage entre Perpignan et Mostaganem avait été instauré en 2010, sous l’impulsion de Jean-Marc Pujol, alors maire de Perpignan, lui-même né à Mostaganem en 1949, du temps de la colonisation française. Ce partenariat visait à renforcer les liens entre les deux cités dans plusieurs domaines, notamment économique, culturel et scientifique. Pour la municipalité de Perpignan, cette coopération permettait d’échanger sur des projets communs et d’établir des passerelles entre les populations des deux rives de la Méditerranée.
Cependant, Louis Aliot a justifié sa décision en évoquant ce qu’il qualifie d’« attitude agressive du gouvernement algérien envers la France ». Il a notamment mis en avant le cas de l’écrivain Boualem Sansal, dont il considère l’incarcération comme une atteinte aux libertés fondamentales. Par ce geste symbolique, le maire RN entend protester contre la politique du gouvernement algérien, tout en marquant une rupture nette avec une coopération initiée par son prédécesseur.
Cette décision a été perçue comme une provocation par les autorités algériennes, et la réponse ne s’est pas fait attendre. Le wali de Mostaganem, Ahmed Boudouh, a pris la parole pour condamner fermement cette annonce. « Mostaganem est une ville honorable et elle ne peut être associée à une municipalité dirigée par l’extrême-droite, nostalgique d’un passé révolu », a-t-il déclaré lors d’un rassemblement public. Ces propos, relayés par la presse algérienne, témoignent du mécontentement suscité par cette rupture brutale des relations entre les deux villes.
La décision de Louis Aliot intervient dans un contexte plus large de tensions diplomatiques entre la France et l’Algérie. Depuis plusieurs mois, les relations entre les deux pays sont marquées par des crispations accrues, alimentées par des divergences sur plusieurs dossiers sensibles, notamment la question mémorielle, les restrictions de visas ou encore la situation politique en Algérie. Les interventions de figures politiques françaises issues de la droite dure et de l’extrême-droite, souvent critiques envers l’Algérie, n’ont fait qu’exacerber ces tensions.
De son côté, l’Algérie, par la voix de ses responsables locaux, semble vouloir tourner la page sur ce jumelage sans pour autant en faire un sujet de crise diplomatique majeur. Le gouvernement algérien a jusqu’ici évité de commenter officiellement la décision du maire de Perpignan, préférant laisser les autorités locales gérer la réponse.
Cette affaire illustre une fois de plus la difficulté des relations franco-algériennes, où chaque geste, chaque déclaration peut rapidement prendre une dimension politique et symbolique forte. Alors que les deux pays tentent tant bien que mal de maintenir un dialogue, des initiatives comme celle de Louis Aliot viennent raviver les tensions et rappeler que la réconciliation entre Paris et Alger reste un chemin semé d’embûches.
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