Marché noir des devises : coup d’arrêt pour l’euro face au dinar

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Le marché parallèle des devises en Algérie est une composante incontournable de l’économie nationale, reflétant des déséquilibres profonds qui perdurent malgré les efforts des autorités. Ces dernières années, cette sphère informelle est devenue un point de repère essentiel pour les citoyens, les voyageurs et les opérateurs économiques cherchant à acquérir des devises étrangères en dehors des circuits officiels. La stagnation récente de l’euro sur ce marché noir illustre les tensions persistantes dans la gestion monétaire du pays, avec un taux de change fixé à 253 dinars à l’achat et 256 dinars à la vente, tandis que le taux officiel reste largement inférieur, à environ 141 dinars par euro.

Cette situation met en lumière une forte disparité entre l’offre et la demande. Les restrictions imposées par les banques sur l’accès aux devises, malgré une augmentation récente de l’allocation touristique à 750 euros par an, alimentent une dynamique où les citoyens se tournent massivement vers le marché noir pour satisfaire leurs besoins. Que ce soit pour des voyages, des achats à l’étranger ou même pour épargner, l’accès limité aux devises via les circuits légaux rend le recours au marché parallèle inévitable pour de nombreux Algériens. En conséquence, l’euro, la livre sterling et le dollar américain continuent de s’échanger à des taux bien supérieurs à ceux du marché officiel.

Le problème s’accentue dans un contexte économique marqué par une dévaluation continue du dinar algérien. Cette situation érode la confiance dans la monnaie nationale et impacte directement le pouvoir d’achat des ménages. Les produits importés, dont le coût dépend fortement des fluctuations des devises, deviennent de plus en plus inaccessibles, aggravant les inégalités sociales. Par ailleurs, les opérateurs économiques, notamment les importateurs et exportateurs, se retrouvent coincés dans un dilemme. Confrontés à des restrictions sur l’accès aux devises via les banques, ils sont contraints de se tourner vers le marché parallèle pour continuer leurs activités, contribuant ainsi à renforcer son importance.

La livre sterling, bien qu’elle soit moins répandue sur le marché parallèle, reste une monnaie prisée pour sa stabilité. Avec des taux atteignant 298 dinars à l’achat et 300 dinars à la vente, elle illustre également la fragilité du dinar algérien face aux grandes devises mondiales. Le dollar américain, quant à lui, continue d’être une valeur sûre, s’échangeant à 244 dinars à l’achat et 247 dinars à la vente. Même le dollar canadien, qui joue un rôle mineur sur ce marché, reflète ces déséquilibres, avec des taux oscillant entre 158 et 162 dinars selon les transactions.

Cette dynamique met en lumière des faiblesses structurelles au sein de l’économie algérienne. Les politiques monétaires en place peinent à répondre à la demande croissante de devises étrangères. Les restrictions bancaires, associées à une allocation insuffisante pour les voyageurs et les particuliers, alimentent un marché noir qui échappe en grande partie au contrôle des autorités. Ce dernier est devenu une alternative indispensable pour de nombreux Algériens, malgré les risques juridiques et économiques qu’il représente.

Les efforts entrepris par le gouvernement pour contenir ce phénomène, bien qu’encourageants, se heurtent à des limitations. La récente majoration des plafonds de devises légales transportables, désormais fixés à 7 500 euros par an, reste largement insuffisante pour satisfaire les besoins des citoyens et des entreprises. De plus, l’écart important entre les taux officiels et parallèles dissuade les transactions via les canaux formels, aggravant l’instabilité économique.

Cette réalité soulève une question cruciale : comment réformer durablement le système monétaire pour réduire l’importance de ce marché informel ? La réponse réside probablement dans une approche globale, combinant une réforme bancaire visant à améliorer l’accès aux devises, une politique de stabilisation du dinar, et une lutte plus efficace contre les pratiques informelles. La modernisation des infrastructures financières et la digitalisation pourraient également jouer un rôle clé en permettant un meilleur suivi des flux monétaires.

Le marché noir des devises en Algérie demeure une illustration frappante des défis économiques auxquels le pays est confronté. Tant que l’écart entre les taux officiels et informels persistera, cette économie parallèle continuera d’exister, alimentant les inégalités et freinant le développement. Une réponse structurelle s’impose pour transformer ce défi en opportunité, en rétablissant la confiance des citoyens et des opérateurs économiques dans le système monétaire officiel.

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