Actualités – L’Institut de recherche et de documentation en économie de la santé (IRDES) a publié récemment un rapport révélant que les médecins étrangers, en particulier les Algériens, occupent la première place dans le classement des praticiens étrangers exerçant en France. Cette information surgit alors que le gouvernement et les députés de la majorité débattent du sort de l’article 3 de la future loi sur l’immigration, qui permet aux immigrants travaillant dans des secteurs en pénurie de main-d’œuvre, comme la médecine, d’obtenir automatiquement une carte de séjour.
Le rapport de l’IRDES met en avant la nécessité de recruter davantage de médecins nés et diplômés à l’étranger pour combler les déserts médicaux ruraux en France. L’étude, intitulée « Les médecins généralistes libéraux diplômés à l’étranger contribuent à renforcer l’offre de soins dans les zones sous-dotées », analyse la démographie des médecins étrangers entre 2007 et 2017 dans diverses zones d’habitation en France, notamment les centres-villes, les zones péri-urbaines et les zones rurales.
Il est important de noter que l’étude se concentre exclusivement sur les médecins généralistes exerçant en libéral, excluant d’autres modes d’exercice et spécialités. Les auteurs de l’étude déclarent : « Cette recherche offre un nouvel éclairage sur la situation en France en cartographiant les lieux de pratique des médecins généralistes libéraux nouvellement inscrits à l’Ordre, ainsi que l’implantation globale de tous les médecins généralistes en fonction de leur nationalité et de leur pays de formation. L’objectif est d’identifier la contribution des médecins nés et diplômés à l’étranger à la réduction potentielle des inégalités territoriales en matière de soins de santé ».
Actuellement, on dénombre 29 238 « médecins diplômés à l’étranger exerçant en 2023 en activité régulière », ce qui représente 12,5 % de l’ensemble des effectifs médicaux en France. Cette proportion se situe en dessous de la moyenne observée dans les pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).
Parmi les médecins étrangers exerçant en France, 55 % sont titulaires de diplômes délivrés hors de l’Union européenne (Padhue), et les pays d’origine les plus fréquents sont l’Algérie (37,4 %), la Tunisie (10,4 %) et la Syrie (9,5 %). En revanche, les diplômés européens proviennent principalement de Roumanie (42,6 %), de Belgique (15,3 %) et d’Italie (14,6 %).
Ces effectifs de médecins étrangers ont connu une croissance significative, en particulier depuis 2007, en raison de modifications législatives majeures. En 2005, l’Union européenne a instauré la reconnaissance automatique des diplômes de médecine dans l’ensemble de ses États membres, ce qui a favorisé la mobilité des professionnels de la santé au sein de l’Europe.
L’IRDES rappelle que « les médecins titulaires d’un diplôme européen peuvent ainsi disposer de la libre circulation des travailleurs et s’installer où ils le souhaitent ». De plus, l’adhésion de la Roumanie et de la Bulgarie à l’Union européenne en 2007 a également augmenté le nombre de médecins étrangers en France.
L’étude de l’IRDES souligne l’importance des médecins étrangers dans le système de soins de santé en France, en particulier dans les zones sous-dotées. Elle plaide en faveur d’une politique de recrutement plus ouverte envers les médecins nés et diplômés à l’étranger pour garantir une couverture médicale adéquate sur l’ensemble du territoire français.
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