Le président algérien Abdelmadjid Tebboune a tranché sur un sujet qui alimente régulièrement les tensions entre Alger et Paris : l’envoi des malades algériens pour des soins en France. Lors d’un entretien accordé au journal français L’Opinion ce dimanche 2 février, il a annoncé une décision ferme et irrévocable : l’Algérie ne dirigera plus ses malades vers les hôpitaux français. Une déclaration qui marque un tournant dans la coopération médicale entre les deux pays et qui s’inscrit dans un contexte de relations diplomatiques parfois tendues.
Cette annonce intervient après une controverse autour de la dette hospitalière algérienne en France. Ces derniers mois, plusieurs médias français ont avancé des chiffres exorbitants concernant les arriérés que l’Algérie devrait aux établissements de santé français, certaines estimations allant jusqu’à plusieurs centaines de millions d’euros. Une version que le président algérien a catégoriquement démentie. « Le montant des arriérés est de 2,5 millions d’euros, et ce chiffre fait l’objet d’un contentieux », a-t-il affirmé. Une somme bien loin des montants évoqués par certaines sources médiatiques françaises.
Abdelmadjid Tebboune a également tenu à rappeler que l’Algérie a toujours honoré ses engagements financiers mais qu’elle refuse désormais de payer des factures jugées injustifiées. « Cela fait trois ans que l’on attend une réunion avec les hôpitaux de Paris pour lever ce contentieux (…) L’Algérie a toujours payé ses dettes, mais nous ne sommes pas prêts à honorer n’importe quelle facture. Il faut que l’accueil et la prise en charge soient justifiés », a-t-il expliqué, mettant en lumière les difficultés administratives et financières qui entourent le dossier.
Transfert de malades algériens en France : les mots forts de Tebboune
Face à ce qu’il considère comme des « tracasseries » et un manque de considération de la part de la France dans le traitement des patients de nationalité algérienne, le président Tebboune a annoncé un changement stratégique dans l’orientation des malades algériens nécessitant des soins à l’étranger. Désormais, ces derniers seront envoyés dans d’autres pays européens, notamment en Italie, en Belgique, ou encore en Turquie, où l’Algérie entend nouer des partenariats solides dans le domaine médical. « D’ailleurs, nous avons pris la résolution de ne plus envoyer nos malades en France. Ils vont dans d’autres pays européens, comme l’Italie, la Belgique ou encore la Turquie. C’est le résultat de toutes ces tracasseries que nous subissons », a précisé le président.
Cette décision n’est pas anodine. Elle intervient à un moment où l’Algérie cherche à renforcer ses infrastructures médicales et à diversifier ses partenariats internationaux. Depuis plusieurs années, le gouvernement algérien investit dans le développement de son propre système de santé, avec la construction de nouveaux hôpitaux et la formation de médecins spécialisés. L’objectif affiché est de réduire progressivement la dépendance aux soins médicaux à l’étranger et d’améliorer la qualité de la prise en charge sur le territoire national.
Cependant, cette rupture avec la France pourrait avoir des conséquences importantes. Pendant des décennies, les hôpitaux français ont accueilli des milliers de patients algériens, notamment pour des pathologies lourdes nécessitant une expertise de pointe. La fin de ce partenariat signifie que l’Algérie devra s’assurer que les alternatives mises en place en Italie, en Belgique et en Turquie soient à la hauteur des besoins des patients. De plus, cette décision s’inscrit dans un contexte plus large de refroidissement des relations entre Alger et Paris, marqué par des tensions diplomatiques récurrentes sur divers sujets, notamment les visas, la mémoire coloniale et les flux migratoires.
Si l’Algérie parvient à mettre en place des accords solides avec d’autres pays et à renforcer son propre système de santé, cette nouvelle orientation pourrait constituer une avancée stratégique. En revanche, en cas de difficultés d’adaptation ou de manque de structures adaptées, cette décision pourrait soulever des préoccupations quant à l’accessibilité des soins pour certains patients nécessitant des traitements complexes.
Quoi qu’il en soit, Abdelmadjid Tebboune semble déterminé à poursuivre cette politique de rupture et à affirmer une plus grande autonomie de l’Algérie dans la gestion de ses soins médicaux à l’étranger. Cette décision, qui marque un tournant dans les relations algéro-françaises sur le plan médical, pourrait bien redéfinir les orientations futures en matière de coopération sanitaire entre l’Algérie et d’autres partenaires internationaux.
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