En France, le débat autour du RSA prend une tournure nouvelle, et les Algériens de France, souvent nombreux à bénéficier de cette aide sociale, se retrouvent au cœur d’une proposition politique controversée. Laurent Wauquiez, figure connue de la droite française et candidat à la présidence des Républicains, a récemment proposé de limiter le RSA à une durée maximale de deux ans. Une idée qui suscite déjà un vif intérêt médiatique, et qui pourrait avoir des conséquences directes sur des milliers de bénéficiaires, notamment parmi les Algériens installés en France.
Selon Wauquiez, le RSA, qui coûte près de 12 milliards d’euros par an à l’État français pour environ 2 millions d’allocataires, devrait cesser d’être un dispositif illimité. En ciblant le RSA, l’objectif affiché serait de lutter contre l’assistanat, selon ses propres mots, tout en mettant en valeur la culture du travail. Les Algériens de France, qui figurent parmi les bénéficiaires significatifs de cette aide, pourraient voir leur quotidien bouleversé par une telle réforme.
Dans une interview accordée au Parisien, le 10 mai 2025, Laurent Wauquiez affirme vouloir sortir les Français valides de cette spirale de dépendance au RSA, et pour cela, il propose une réforme stricte : une limitation du RSA à deux ans, un plafonnement global des aides sociales à 70 % du SMIC, et l’introduction d’obligations de travail effectif en contrepartie de l’aide. Il insiste aussi sur le fait que cette mesure ne concernerait pas les personnes en situation de handicap ou atteintes de maladies chroniques. Mais dans les faits, cette orientation touche de nombreux Algériens vivant en France, notamment ceux en situation précaire ou en reconversion professionnelle, pour qui le RSA représente un filet de sécurité essentiel.
Les Algériens de France, présents depuis des générations sur le territoire français, sont confrontés à des réalités parfois complexes, entre recherche d’emploi, discrimination sur le marché du travail et difficultés d’accès à certaines formations qualifiantes. Pour beaucoup, le RSA a été une ressource temporaire, un levier vers la stabilité. Réduire sa durée à deux ans remettrait en cause cet équilibre fragile. La France, qui se veut inclusive, doit aussi composer avec la diversité de ses citoyens et résidents, parmi lesquels les Algériens occupent une place importante. Dans ce contexte, une réforme du RSA toucherait mécaniquement les Algériens en France, ces derniers étant nombreux à s’appuyer sur ce dispositif dans les phases de transition économique. Si les Algériens de France perçoivent le RSA comme un tremplin, plutôt qu’un revenu permanent, les propos de Laurent Wauquiez risquent cependant d’alimenter une perception stigmatisante, en les associant indirectement à une forme d’assistanat généralisé.
Il faut noter que cette proposition intervient dans une ambiance politique tendue, à l’approche de l’élection interne des Républicains prévue pour le 17 mai, où 117 600 adhérents doivent désigner leur futur président. Wauquiez, bien que considéré comme un outsider face à Bruno Retailleau, joue une carte audacieuse, voire clivante. En ciblant le RSA, il cherche à séduire l’électorat le plus conservateur de la droite française, en misant sur une rhétorique de responsabilité individuelle et de retour au travail. Cette stratégie politique pourrait aussi refléter une volonté de peser dès maintenant dans les débats préliminaires à la présidentielle de 2027, où Wauquiez se verrait bien en candidat de l’union des droites. Il a d’ailleurs affirmé qu’il se rangerait derrière le candidat le mieux placé, si ce n’était pas lui, et qu’il aspirait à un rassemblement allant « de Gérald Darmanin à Sarah Knafo ».
L’annonce de cette mesure intervient aussi dans un contexte où les débats autour des politiques sociales se radicalisent, et où les équilibres budgétaires sont remis en cause par une dette publique croissante. La généralisation du travail obligatoire pour les bénéficiaires du RSA, également évoquée par Wauquiez, pourrait se heurter à des obstacles juridiques et logistiques importants. Les Algériens de France, souvent actifs dans des secteurs en tension comme la restauration, le bâtiment ou l’aide à domicile, pourraient difficilement être assimilés à une population inactive ou désengagée, comme le laisse parfois entendre la rhétorique politique.