« Le marché noir des devises va disparaitre en Algérie, à cause de l’UE » : un expert en économie précise

Marché noir des devises en Algérie

Dans les coulisses économiques de l’Algérie, une transformation majeure se profile à l’horizon, et elle pourrait bien remodeler le paysage financier. Un expert en économie, Dr Kamel Dib, attire l’attention sur un changement imminent : la disparition du marché noir des devises en Algérie, poussée par une initiative européenne.

Les autorités algériennes ont longtemps tenté d’éradiquer ce marché clandestin, mais sans succès durable. Malgré les efforts déployés, la question reste brûlante, avec des implications majeures pour l’économie nationale. Or, une nouvelle donne semble émerger, selon les dires de Dr Kamel Dib.

À l’origine de cette prédiction audacieuse se trouve une décision de la Banque centrale européenne (BCE), sous l’égide de sa présidente, Christine Lagarde. Cette décision concerne l’introduction prochaine de l’euro numérique, une forme électronique de la monnaie unique européenne, destinée à supplanter progressivement l’usage des espèces physiques.

Dr Dib explique que cette transition vers l’euro numérique pourrait avoir un impact significatif sur l’économie algérienne, en particulier sur le marché noir des devises. En effet, l’adoption généralisée de l’euro numérique en Europe signifierait la fin de l’usage des billets et des pièces, rendant obsolètes les transactions clandestines basées sur des espèces physiques.

« La première répercussion de l’adoption de l’euro numérique sur l’économie algérienne, c’est la disparition du marché noir des devises, en particulier le change de l’euro », prévient l’expert. Dans son analyse, il explique que les Algériens ne pourront plus garder des billets de banque en euros chez eux, comme c’est le cas actuellement. Lorsqu’un voyageur entre au pays en possession d’une somme en euro, celle-ci sera transportée sur son compte. “Pour échanger cette monnaie, le processus ne sera possible qu’à travers un change électronique, avec un taux fixé par la banque centrale. Il n’y aura donc pas cet écart entre le change officiel et parallèle”, souligne encore l’intervenant.

L’expert souligne que cette évolution pourrait être inévitable si l’Europe concrétise ses plans, ce qui serait conforme à son approche déterminée. Il estime ainsi que la première conséquence de l’adoption de l’euro numérique serait la disparition du marché noir des devises en Algérie, en particulier pour l’euro. « l’Europe va toujours jusqu’au bout de ses décisions », signale Dib.

Cette transition, si elle se produit, marquerait une étape significative dans l’histoire économique de l’Algérie, avec des répercussions potentiellement importantes sur le secteur financier et sur la vie quotidienne des citoyens. Dr Kamel Dib exhorte à une anticipation proactive des changements à venir et à une adaptation rapide aux nouvelles réalités monétaires.

Marché noir des devises en Algérie : tout savoir sur l’euro numérique

Attendu à l’horizon 2027-28, l’euro numérique pourrait avoir de nombreuses conséquences, pour les banques comme les citoyens. Directrice blockchain et cryptoactifs au sein du cabinet Sia Partners, Justine Destobbeleire nous décrypte ces enjeux.

L’euro numérique, s’il venait à voir le jour, courant 2027-2028, pourrait être notre troisième forme de monnaie. Véritable cash numérique, il est développé par l’Eurosystème (regroupement de la BCE et des banques centrales nationales) avec pour seul objectif d’être un moyen de paiement – et non de placement. Il pourrait cependant avoir un certain nombre de répercussions sur notre système financier et, notamment, les banques de détail qu’il convient de présenter.

L’euro numérique, une réponse de l’Eurosystème à la digitalisation de nos modes de paiement

La monnaie se présente aujourd’hui sous deux formes : la monnaie fiduciaire, composée de pièces et de billets, et la monnaie scripturale, formée d’écritures sur les comptes bancaires et qui constitue de nos jours plus de 90% de l’euro en circulation. La monnaie fiduciaire est fabriquée par les banques centrales et la monnaie scripturale est produite par les banques commerciales lors des opérations de prêts.

La généralisation des transactions en ligne et la crise sanitaire de COVID-19 ont profondément modifié nos moyens de paiement, faisant diminuer l’usage des espèces dans la zone euro. La part du montant payé en espèces dans les points de vente, sur la zone euro, est passée de 47% en 2019 à 42% en 2022, selon un rapport de la BCE. Chez les 18-24 ans, ce chiffre tombe à 36% en 2022.

Un besoin de cash digital, émis par la banque centrale, pour effectuer les paiements numériques, émerge donc. Il représenterait une troisième forme de monnaie en circulation, après la monnaie fiduciaire et la monnaie scripturale. Une limite de détention par individu pourrait, en outre, être fixée. À date, on parle d’un plafond à 3 000€.

L’impact de la fuite des dépôts bancaires, variable selon les tailles de banques et les zones géographiques

Les dépôts bancaires – les sommes confiées par les clients aux banques -, jouent un rôle crucial, car elles constituent les réserves des banques commerciales, indispensables à leur activité de financement. Cela leur permet notamment de prêter de l’argent à d’autres clients et de réaliser des bénéfices via les intérêts et divers frais.

Avec l’euro numérique, les citoyens détiendraient de la monnaie numérique directement auprès de la Banque Centrale Européenne, ce qui est autant d’argent en moins sur les comptes des clients des banques de détail.

Avec une limite de détention de 3000 €, l’euro numérique pourrait entraîner une réduction du montant des dépôts bancaires pouvant atteindre jusqu’à 739 milliards d’euros dans la zone euro, ce qui correspondrait à 10% de perte sur la base totale des dépôts des ménages. Avec une limite de détention de 500 euros, la perte des dépôts pourrait être limitée à 139 milliards d’euros, un chiffre toujours important mais en baisse de 81% par rapport à une limite de détention de 3000 €.

Les conséquences de ces pertes de dépôts sont cependant plus ou moins importantes selon les typologies de banques et leur implantation géographique.

Les banques qui s’appuient moins sur les dépôts des ménages auraient des retraits représentant 0 à 0.5% de leur passif total.

Et une banque sur dix dans la zone euro pourrait voir les pertes de dépôts liés aux ménages atteindre au moins 8.7% de l’ensemble de leurs passifs dans les cas les plus graves. Les banques concernées partagent généralement deux caractéristiques distinctes : une plus grande dépendance à l’égard des dépôts des ménages pour le financement, et des clients détenant des dépôts plus modestes. Par conséquent, une plus grande partie de leur base de dépôts pourrait être affectée par l’introduction d’un euro numérique.

Pour ces raisons, les banques les plus touchées présentent généralement des caractéristiques similaires, et ont tendance à être regroupées géographiquement. Cela inclut des pays comme la Slovénie, la Lettonie et la Grèce.

Les réserves des banques d’importances systémiques peu impactées

Concernant la France, d’après une étude Sia Partners sur l’impact de l’euro numérique sur les réserves des banques, celles des banques classées G-SIB (Banques d’Importance Systémique Mondiale) comme BNP Paribas et Société Générale seraient moins impactées que les autres. Considérons le LCR (Liquidity Coverage Ratio), mesure réglementaire qui assure que les banques détiennent suffisamment d’actifs liquides pour couvrir leurs sorties nettes de trésorerie pendant 30 jours en cas de crise financière. Si le ratio LCR moyen des 6 plus grosses banques françaises baisse de 13%, passant de 152% à 139%, il reste bien au-dessus de l’exigence réglementaire de 100%. Les impacts pour les banques régionales françaises sont plus importants : en effet, leur ratio LCR est plus faible et l’essentiel de leurs activités est centré sur la banque de détail. Pour une limite de détention de 3000€, elles auraient davantage de difficulté à se conformer aux exigences réglementaires.

L’étude Sia Partners pousse l’exercice jusqu’à la simulation d’un bank run, une panique bancaire durant laquelle de nombreux clients retirent simultanément leurs dépôts par crainte que la banque ne soit plus en mesure de rembourser leurs fonds. En prenant le scénario extrême où tous les

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